B. KACEM
Le centre-ville de Tiaret a été, jeudi matin, dès 10 heures, secoué par de violents affrontements entre jeunes et policiers suite à l’immolation par le feu d’un marchand ambulant âgé de 33 ans. L’incident s’est produit au moment où un agent de la police en faction à la rue de la Medersa aurait sommé K.H., un marchand de lunettes, de retirer sa table placée à l’angle des escaliers «Drouj Salem». Se sentant offensé devant ses camarades, le marchand s’est immolé par le feu après avoir aspergé tout son corps d’essence et mis le feu sous les yeux des passants. Affolés par l’acte commis, toute la rue s’est vite vidée abandonnant le jeune, proie aux flammes. Il a été secouru en suite et brûlé au premier degré au niveau du visage et les membres supérieurs, le jeune a été jugé hors de danger, selon des urgentistes de l’hôpital Youcef Damardji. L’affrontement entre émeutiers et brigades antiémeutes a atteint son point culminant devant le siège de la daïra et certains quartiers du centre de la ville et ce n’est que dans la soirée que le calme est revenu après que les policiers ont réussi à contenir la colère des jeunes. Ces émeutes qui ont émaillé la ville de Tiaret, avant-hier, ont non seulement mis les populations en alerte mais provoqué des pénuries. En effet, le lait en sachet a été le premier produit de large consommation à subir la pénurie chez les dépositaires, notamment ceux des quartiers populeux à Zaâroura, Oued Tolba et Sonatiba. Affolés par le phénomène des mouvements de protestations, les consommateurs ont ratissé large en raflant «toute la production du jour», ne laissant rien aux retardataires. Toujours dans ce contexte de panique, les émeutiers n’ont rien épargné à leur passage en arrachant les bordures des trottoirs qui leur serviront de projectiles, des feux tricolores saccagés, des poubelles éventrées et des ruelles interdites pour les locataires. C’était un jour de désolation pour la population. A la cité Bouhenni sur les hauteurs de la ville de Tiaret, des jeunes ont même fermé la mosquée juste après la prière de l’Ichaa, y interdisant tout accès, un acte condamné par les fideles pour qui «cela n’a rien de politique, mais s’inscrit dans la logique du désordre». Ammi Mohamed, septuagénaire, n’a pas du tout accepté qu’on lui interdise l’accès à la mosquée sous tout prétexte même celui des émeutes, soulignant que «la mosquée est dans toutes les religions un site inviolable sinon sacré pour y subir de tels affronts»
28 janvier 2012
Boudali. KACEM, Tiaret, Voix de l-Oranie (La )