Dans le but d’éviter une poursuite des émeutes, les premiers responsables de la ville ont raisonnablement décidé du transfert des vendeurs vers un terrain vague situé à proximité de l’ancienne gare ferroviaire.
Après un week-end agité à Tiaret, caractérisé par des émeutes engagées suite à une tentative de suicide par immolation d’un jeune homme, et qui se sont soldées, selon certaines sources, par la blessure de plus d’une dizaine de policiers et l’arrestation de plusieurs manifestants, les autorités locales n’ont pas tardé à réagir en multipliant des concessions à la population.
C’est ainsi que, sur injonction du wali, le chef de daïra a rencontré les commerçants versés dans l’informel qui occupaient la place du 17-Octobre et sa périphérie, avant d’être débusqués par les forces de l’ordre. Prônant l’apaisement, et dans le but d’éviter une poursuite des émeutes, les premiers responsables de la ville ont raisonnablement décidé du transfert des vendeurs vers un terrain vague situé à proximité de l’ancienne gare ferroviaire. Même si certains citoyens estiment que les pouvoirs publics avaient toutes leurs raisons de nettoyer les rues et artères squattées par le commerce informel, d’autres mettent à l’index les méthodes de gestion de la ville. “Ce qui s’est passé ce week-end et auparavant doit, logiquement, faire l’objet de la seule préoccupation du wali et du chef de daïra mais aussi des élus qui ont toujours répondu aux abonnés absents pour ne se rappeler de nous qu’à l’approche des élections afin de nous promettre monts et merveilles avant de s’éclipser durant tout un mandat”, affirmera un homme d’un certain âge que nous avons abordé. D’ailleurs, à Tiaret ou ailleurs en Algérie, il y a vraiment à redire sur le rôle de la plupart de ces derniers responsables qui ne font que se servir au lieu de servir.
Dans ce sillage, les nombreux citoyens qui en ont gros sur le cœur ne cessent de dénoncer, par voie de courriers anonymes adressés aux hommes de la presse indépendante, les agissements malséants des uns et les comportements indécents des autres. Par ailleurs, un autre citoyen, s’adressant à ces derniers, toujours les responables, qui ne cessent de fouler les quartiers de la capitale en se pavanant dans ses endroits luxueux, dira, en reprenant une expression de feu Kateb Yacine, “ne croyez pas avoir assidûment étouffé notre ville et, surtout, ne croyez pas pouvoir bâtir votre nouveau monde sur nos dépouilles”.
Cependant, il est évident que quand l’exceptionnelle précocité de la campagne électorale force l’engouement, les excès opportunistes plongent dans la consternation… C’est dans ce contexte que le plus commun des mortels aura remarqué, ces dernières semaines, que la prostitution des valeurs nationales commence à s’annoncer avec cette frénésie partisane hautement délétère et stérile qui est véhiculée par un retour préalable des courants islamistes et ceux qui, obsédés par le maintien du fauteuil, voire des commandes, font tout pour renforcer leur approche du sérail.
Même si le mot “islam” a subrepticement disparu du générique au profit d’un titre plus angélique, que l’on ne s’y trompe pas, il sera sur toutes les lèvres et tiendra le haut de l’affiche tant la population se dit lasse des mensonges longuement proférés par les barons qui ont toujours été sur le devant de la scène.
Au demeurant, à l’heure où la conjoncture adjurerait de la population qu’elle fasse profil bas, que cette dernière sache garder raison en privilégiant une réflexion assidue afin de barrer le chemin à ces pseudos conseils des “sages” et ce, afin de songer à un nouveau débat absolument politicien, l’on aura abordé par le petit bout du télescope, celui qui réduit manifestement le champ de vision avant de l’obscurcir totalement.
Par ailleurs, à Tiaret, au sein de la vox populi, on doit assurément se référer à cette règle aussi vieille que les statistiques et qui veut que l’on peut faire dire aux chiffres pratiquement tout ce que l’on veut leur faire dire.
R. S
30 janvier 2012
EMEUTES -COLERE -MANIF