À Tiaret, dès hier, sitôt après l’annonce de la mort du jeune Gacem Hicham, 22 ans, décédé dimanche des suites de graves complications après sa tentative d’immolation par le feu, jeudi 26 janvier, tout le monde craignait le pire. La situation a carrément viré au cauchemar, juste après l’enterrement de la victime, aujourd’hui après la prière du D’hor, au nouveau cimetière de la ville. Après quatre jours de vive tension, Tiaret se vidait aujourd’hui de ses habitants dès dix heures du matin. Déjà, la rumeur d’une grande manifestation après l’inhumation de la victime enflait.
Commerces, salons de thé et même les administrations publiques du centre-ville sont restés fermés depuis hier matin. Le cortège funèbre, composé d’une foule immense, banderoles à la main scandant des slogans hostiles aux autorités locales, s’est ébranlé du domicile mortuaire, dans le quartier populaire d’Oued Tolba, pour se diriger vers le centre-ville, à l’endroit même où le jeune Hicham avait commis son acte désespéré.
La tension est vite montée d’un cran au retour du cimetière, quand des jeunes, surexcités, s’en sont pris au siège d’une agence foncière, la saccageant presque totalement. De nombreux véhicules de la police et de la gendarmerie se sont alors mis à sillonner la ville dans tous les sens à la recherche d’éventuels pilleurs. À la cité Bouheni, des commerces ont été dévalisés et des voitures « caillassées ». La situation est devenue incontrôlable lorsque des jeunes, encagoulés et armés de cailloux ainsi que d’objets hétéroclites, ont marché jusqu’au siège de la radio locale. Ses façades vitrées ont été totalement saccagées. Les forces antiémeute sont arrivées rapidement sur les lieux pour quadriller le siège de la radio, qui a cessé d’émettre après une panne d’électricité. Le siège de la BEA, de l’autre côté de la ville, a également subi des dégradations et les rares véhicules circulant en ville ont été pris pour cible par les émeutiers. La situation semblait revenir à la normale vers seize heures, même si des heurts entre jeunes émeutiers et forces de l’ordre ont encore été signalés du côté de Oued Tolba, quartier où résidait la victime, « l’ex-village espagnol », sur les hauteurs de la ville.
31 janvier 2012
EMEUTES -COLERE -MANIF, Tiaret