Culture : «C’est l’étude des signes graphiques contenus dans la tapisserie et la poterie auxquels le peintre assigne une fonction plastique en introduisant une stylisation variée de dessin ou de thèmes pour faire naître une œuvre picturale empreinte de pureté et de fraîcheur originelle et présentant une force attractive dépouillée de tout artifice.»
C’est en ces termes que l’artiste peintre Oudhai Mohamed a entamé sa conférence sur le rogam ce weekend à l’Odej de Tiaret. Intervenant devant un parterre sélectionné, le conférencier s’est attelé à mettre en relief un style puisé dans les graphismes ancestraux. «Cette modeste prospection dans le vaste champ de la sémiologie picturale m’a suggéré l’idée de m’enliser dans les tréfonds de ce que produisaient nos habiles tisseuses (reggamette) comme zarbia, friche, djerbi, tag ou draga, genre de tapis maghrébin…, se caractérisant par un agencement subtil de contrastes et de couleurs agréablement consonantes, le tout puisé dans le vaste réservoir des teintes naturelles composées d’une variété de nuances de carmin d’ocres et d’indigo d’une richesse inestimable», explique-t-il. «Cette modeste quête plastique que j’ai intitulée «Er-Regam» se veut une manière ou approche picturale personnelle d’interpréter la beauté du décor dans la tapisserie du Grand Maghreb dont les éléments sont malheureusement mal décryptés, ce qui en limite très souvent l’expression artistique», commente-t-il. S’exprimant en connaisseur incontesté, Mohamed Oudhai, l’enfant prodigue du Sersou, devait articuler ses arguments sur le fait que la conception artistique du r’guim si elle est plus réfléchie et plus travaillée par l’artiste dans son style propre valorise les dessins du tapis ancestral et rendra son ornementation plus attrayante et plus visible car «l’art ne rend pas visible mais rend le visible», selon Paul Klee. Visiblement emporté dans un univers qui est le sien, Oudhai entend par sa manière de peindre le rogam apporter son grain de peinture dans cette riche palette maghrébine qui permettrait aux esthètes de comprendre sans difficultés les structures formelles et sémantiques de chaque œuvre exposée où les formes plastiques et les couleurs combinatoires pourraient procurer aux visiteurs l’agréable sensation de récupérer un tant soit peu une partie de son héritage civilisationnel. Enfin, l’auteur de Fen Oua Rogam, El Meddah, El Khamsa, Er-Regam pour ne citer que ces œuvres aussi sublimes que splendides devait clôturer son intervention en invitant ses invités à admirer ses tableaux incarnant le rogam dans son originalité, car inspiré des valeurs ancestrales les plus lointaines.
Mourad Benameur
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/22/article.php?sid=130619&cid=16
22 février 2012
Benameur Mourad, Culture, PERSONNALITES, SOIR D-ALGERIE (LE )