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- Publié le Lundi, 27 Février 2012 23:04
- Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho
Mon dernier billet, qui revenait sur la création de Seddik Chihab, a suscité énormément de réactions. Figurez-vous qu’hier après midi, alors que je sifflais quelques bières avec H’mida Layachi et Anis Rahmani, les meilleurs d’entre nous que la presse mondiale nous envie, Abdelaziz Belkhadem, accompagné de trois gardes du corps en djellaba et lunettes de soleil, a poussé, sans ménagement les portes battantes du saloon et, devant tous le monde, m’a interpellé en ces termes : « Hé Didi ! Tu me cherches mon attestation d’ancien moudjahid ou quoi ? ».
Je lui ai alors rétorqué tout en gardant un œil sur les Men in barbe qui avaient la main sur leur flingue : « Qu’est ce qui se passe Azizou, tu ne dis plus Essalem Alikoum ! ».
Et là, celui qui voulut m’impressionner cracha le reste de son siwak, me fit un sourire en coin et avança de deux pas sous le craquement du vieux parquet. Je croyais qu’il comptait me défier en duel, mais il me lança : « Toi aussi tu crois que Seddik Chihab et Amara Benyounès sont plus importants que moi ? ». Je répondis calmement, mais sans me démonter : « Pas du tout Azizou ! Je pense juste qu’eux, ont toujours le soutien des généraux M. dit T. et T. dit B. alors que toi tu as été viré de la bande ». J’ai ajouté en le fixant droit dans les yeux : « L’armée mexicaine ne croit plus en toi ! »
Là, H’mida Layachi toucha sa canine gauche qui bougeait de plus en plus depuis quelques jours et Anis Rahmani caressa sa moustache de meunier mexicain originaire de Rio d’El-Arreridj. Tous les Indigènes présents au saloon retinrent leur souffle.
L’atmosphère était tendue et on sentait que la fusillade pouvait éclater d’un moment à l’autre. Belkhadem fronça les sourcils, ajusta sa calotte, se gratta d’abord la barbe, ensuite le derrière et me lança : « Pour ta franchise, j’offre une tournée générale ».
La musique qui s’était arrêtée repris de plus belle, les danseuses en niqab, poitrine galbée à l’air, firent leur entrée devant les regards amusés des gardes du corps qui, du coup, se relaxèrent et libérèrent leur djellaba qu’ils avaient accrochée à leur slip, comme pour mieux se préparer à une éventuelle algarade qui n’eut heureusement pas lieu. Anis Rahmani et H’mida Layachi qui avaient tous les deux retenus un pet purent enfin se lâcher et nous nous assîmes tous au comptoir pour boire à la santé du Far West algérien qui va de Tiaret à Oujda. Cela dit, j’ai promis à Belkhadem, que j’appelle habituellement Azizou, de lui consacrer le prochain billet. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
13 avril 2012
Chroniques