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TIARET: Eddine Lakhdar Toumi, un homme, un destin par El-Houari Dilmi

Le grand moudjahid, Eddine Lakhdar Toumi, est parti, sans même avoir donné le temps à personne de lui dire au revoir. Ancien du ministère de l’Armement et des liaisons générales (MALG), homme d’un savoir et d’une culture raffinés, Eddine était un homme au sens propre du terme. 

Lui-même fils de chahid, son père était mort les armes à la main, donnant sa vie en offrande pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Né le 02 février 1936 à Tiaret, le grand moudjahid a eu un destin singulier, durant la longue nuit coloniale, avant de divorcer (par dépit ?) définitivement d’avec la chose politique au recouvrement du soleil de la liberté. Entre la gestion d’une petite exploitation agricole dans la région de Tiaret et sa lutte acharnée contre les» mémoires oublieuses», Eddine Lakhdar Toumi se consacra, jusqu’à sa mort, à apprendre aux autres beaucoup «d’histoires» au sujet de l’Histoire du pays. Il y a quelques mois à peine, Eddine nous fit l’honneur de rendre visite à notre bureau, beau comme un ange et habillé comme un soprano. Sur lui, une photographie rare qu’il me montra comme un trophée gagné à une grande compétition internationale : une photo de lui, posant aux cotés de son ami, le président Abdelaziz Bouteflika à Casablanca en 1974. Eddine Lakhdar Toumi avait assuré, à cette époque, la fonction de chef d’escales de la compagnie nationale Air Algérie dans cet important aéroport marocain. Cet homme, élégant et si raffiné, était de mère suissesse, Suzanne,et sa première épouse était la fille de l’ex-premier ministre tunisien, Mohamed Mzali. Dans les années quatre vingt, Eddine Lakhdar Toumi se distingua par un geste que l’histoire retiendra pour toujours. Il avait, dans le sillage du procès de Klaus Barbie en terre gauloise, tenté, sans succès, d’engager un procès pour crime contre l’humanité contre la France. Sa plainte avait été rejetée par les tribunaux français. En effet, au milieu des années 80, un Algérien entre par effraction, causant un remue-ménage médiatique important, dans le procès de l’ancien SS, Klaus Barbie. L’on se souvient que le Quotidien d’Oran avait consacré, le 07 décembre 2000, un long article au sujet de cette affaire peu banale. M. Lakhdar Toumi Eddine témoigne à la barre de ce procès, à l’appel de l’avocat de la défense de Barbie, Me Verges. Cet Algérien, ancien du MALG, venait dire au président de la Cour d’Assises les circonstances de l’assassinat de son père ainsi qu’un autre parent, en août 1957, dans la région de Tiaret. Lakhdar Toumi père, âgé de 50 ans et son proche, Slimane Zeroug, ont été enlevés, torturés et exécutés par le lieutenant Lassalle du 5e RCA de l’armée coloniale, crie-t-il à la face du président. «Pourquoi la justice française a été intransigeante sur les crimes nazis qu’elle jugea quarante ans après qu’ils aient eu lieu, se tait-elle sur les crimes de l’armée française en Algérie», s’interroge-t-il encore en plein procès du criminel nazi. Eddine . Lakhdar Toumi sera débouté, sans suite au dossier. Il en gardera un souvenir amer jusqu’à son dernier soupir. «Si mon père avait été tué les armes à la main, jamais je n’aurais fait cela. Je voulais que ce lieutenant soit reconnu coupable, même mort. Que ses amis, les gens de sa génération, de sa famille, de son quartier sachent que c’est un assassin, un vulgaire assassin de gens désarmés». La vérité doit être dite et répétée, le travail de mémoire entretenu, insiste-t-il. Quinze ans après, le non-lieu, qui a sanctionné sa plainte, Eddine Lakhdar Toumi tentera, à nouveau, ce travail de mémoire à son échelle personnelle. La cible de ce travail ne sera autre que les représentants de la justice française. Il dit, tranquillement, sans jamais que sa voix ne s’élève : «Je vais les emmerder!» avait-il confié à la journaliste, dans un article paru sur ces mêmes colonnes. Celui qui a toujours porté sur sa veste le discret insigne «d’ancien militant de la cause Algérie» s’est éteint, alors que l’Algérie s’apprête à célébrer le cinquantenaire de son indépendance. Il aura tant aimé être là. Pour dire et redire «sa» vérité. Repose en paix grand homme !

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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