Par Karim AIMEUR
La campagne électorale des législatives du 10 mai prochain aura été la plus terne que l’Algérie ait jamais connue depuis son indépendance.
Et l’échec ne fait que recommencer. La campagne électorale peine à s’emballer. Pire, les partis participant aux élections peinent à mobiliser quand ils ne sont pas chassés, chahutés ou perturbés par les citoyens. Chaque jour apporte son lot de mésaventures.
A Tiaret, à Tizi-Ouzou, à Médéa, à Béjaïa ou à Bouira, des candidats et des responsables de partis politiques ont vécu de véritables cauchemars. «Pour une fois, ce sont les citoyens qui les ont humiliés et non le contraire», a commenté un citoyen. Ecourtés ou tout simplement annulés, les meetings ont tourné au fiasco. Sous les cris de «Dégage», «Faqou», les responsables de la coalition islamiste pour une Algérie verte ont été chassés, avant-hier, à Ksar El Boukhari dans la wilaya de Médéa. Le même jour, le secrétaire général du RND a été chahuté à Bouira par des citoyens remontés et qui lançaient dans la salle «Où est l’argent du pétrole? Dégagez».
Toujours avant-hier, le FFS a été empêché de tenir un meeting dans la région de Souk El-Tenine dans la wilaya de Béjaïa d’où, ironie du sort, est issue le tête de liste du parti, Arezki Derguini. Les organisateurs du meeting ont dû annuler la sortie. La journée d’avant-hier était particulièrement à classer dans le registre des oubliettes par les partis participant à la course vers la promotion sociale de 462 personnes.
Dans la région d’Azzefoun à Tizi-Ouzou, deux voitures sorties pour une campagne de proximité pour le compte du MPA de Amara Benyounès ont été, selon le journal électronique Algérie Express, prises en chasse par un convoi de véhicules formé par les partisans du boycott. Les deux voitures ont aussitôt quitté la région.
Le même journal nous apprend que dans l’après-midi de ce lundi, deux femmes et un homme se réclamant du PT qui se sont rendus à Tassaft Ouguemmoun (Tizi Ouzou) pour rencontrer des citoyens et distribuer des prospectus y ont été chassés. Le même jour à El Asnam (Bouira), c’est l’ex-député RCD, Ali Brahimi, candidat sur la liste de l’ANR, qui a été empêché de prendre la parole sur la place publique. Les déconvenues enregistrées par les partis politiques ne se limitent pas uniquement à la journée d’avant-hier.
Samedi dernier, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune a dû quitter la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou non sans déception. Les citoyens, qui sont venus assister à son meeting, ont profité de l’occasion pour réitérer leur rejet de la «mascarade du 10 mai». Le FFS a, lui aussi, essuyé un échec samedi. Il n’a réussi à rassembler que quelques centaines de personnes au cours d’un meeting qu’il voulait grandiose au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou. Au premier jour de la campagne, un convoi du FLN a été caillassé à Tiaret alors qu’il se dirigeait vers la ville pour y animer un meeting. Ces actions anti-vote traduisent, on ne peut mieux, l’état d’esprit des citoyens qui expriment ainsi leur rejet des élections législatives.
Dans certaines communes, les citoyens ont installé des comités de permanence pour renvoyer tout candidat qui serait tenté d’y venir faire campagne. Des candidats, sont d’ailleurs, mis en quarantaine dans les villages et isolés par leurs concitoyens. Cela se passe au moment où les citoyens font des panneaux d’affichages des listes électorales des espaces de défoulement. Les partis politiques ont-ils mesuré le degré des la désaffection populaire après 50 ans d’assujettissement, de bannissement et de déception?
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25 avril 2012
POLITIQUE