Les valeurs morales remises en cause
Une ville en mal d’inspiration
Depuis que l’exode rural a accaparé le terrain urbain, les mutations et nouveaux modes de vies accélérés, l’urbanisation anarchique, la ville de Tiaret a perdu tout de son modèle de rationalité ; tout est devenu incohérent : les humains, le temps et l’espace, nous racontent les Tiaretis encore sous le choc des mutations inverses.
Pour les humains, la notion citoyenne a vite cédé devant l’anarchie et le non- respect de l’ordre, le temps n’est plus fixé et ne fait plus l’horloge du lève- tôt, encore moins son repère ; enfin, l’espace est carrément spolié, colonisé et partagé entre commerçants reconvertis en toutes circonstances et au gré du profit. La cité est en passe de devenir un espace de prédilection, sinon de prolifération par excellence, de la mendicité, de la délinquance sous toutes ses facettes ainsi que toutes formes de commerce de l’occulte. Les charlatans, les mendiants et les diseuses de bonnes ou mauvaises aventures se disputent les maquis de la crédulité jusqu’à en faire des sites sacrés et des lieux gardés par ces professionnels de l’arnaque et de la supercherie. Dans les ruelles étroites, devant les mosquées, sur les esplanades et devant les portes des lieux publics, des bandes entières bien organisées et encadrées souvent toutes à la solde de parents démissionnaires et/ou complices. L’élevage en milieu urbain a déjà pris forme dans certains quartiers où des enclos sont érigés en toute impunité, vaches, moutons, chèvres et chevaux offrent une vue parfaite de la campagne et de son cortège !! Sur les hauteurs de la ville et au sud, qu’il fasse jour ou nuit des enfants récupérateurs de métaux ferreux et non ferreux, chiens errants, sangliers viennent vider toutes les poubelles parfois labouré de fond en comble tout le terrain, puis mettre les feux sur tout ce qui est irrécupérable. En ville, c’est toujours un même décor désolant. Sur les frontons de certains édifices publics, comme partout ailleurs, l’emblème national est toujours mis en mauvaise posture. Pour des responsables peu enclins au respect de l’étendard ont plutôt la tête en bas, les pieds jamais sur terre, les yeux sur de pauvres plantons mal ou peu équipés et le cœur toujours ailleurs lorsque toutes ces administrations sont désertées. Ces gens ne sauraient voir bien en haut comment se comporte un drapeau sous l’effet des attaques mécaniques, des aléas de la nature, de la pollution et de la bêtise humaine aussi flagrante et condamnable. Toujours dans la cité, des panneaux publicitaires non réglementés, des écriteaux, des graffitis et de banderoles pour la réclame ou tout simplement indiquant des professions sont apparus ces derniers temps dans tous les coins. Une pollution visuelle qui laisse croire que tous les locataires sont myopes ou borgnes mais pas aveugles pour voir tout cet ensemble de publicités subliminales grossièrement mensongères. Des ouvrages, qui n’ont rien de l’art, sont toujours visibles, une sorte de fourneau à la Place du 17 octobre ou Place du marché pour les nostalgiques, une main en pierre taillée au niveau du rond- point de Ras Essoug, une pyramide en ruine au quartier Sonatiba, un bloc de pierre abandonné au rond du quartier de l’abattoir alors là les bureaux d’études sont peu imaginatifs à moins que … Des horloges n’indiquant plus le temps, un stade historique oublié, un ancien cimetière profané et des salles de cinémas toujours cadenassées! Dans tout cet inventaire exhaustif, il reste encore des points noirs que la société civile, les partis politiques, les associations les prennent en considération pour au moins réhabiliter dans son état la ville en lui restituant son statut de cité historique, sa culture spécifique, ses marchés, ses cafés traditionnels, ses boulevards, ses vespasiennes et ses fontaines.
7 juillet 2012
Environnement, Ouest Info, S.Moumen, Tiaret