le 19.07.12 | 10h00
Les salariés réclament l’autonomie de l’entreprise et refusent sa fusion avec l’unité de Tlemcen EGERWIT.
Les travailleurs de l’EGRUT (Entreprise du génie rural et urbain de Tiaret) ont entamé hier une grève de travail illimitée pour protester contre ce qu’ils qualifient de «bradage de leur unité», appelée à fusionner avec l’unité de Tlemcen, l’EGERWIT. Aux yeux du président du conseil d’administration, Ahmed Amar, «cette grève est illégale. La décision d’entamer la grève a des repercussions négatives sur l’entreprise. Si jamais les chantiers vont être mis à l’arrêt, les marchés seront tous résiliés». Dénonçant donc cette reprise de leur entreprise sur décision de la SGPERGTHY (Société de gestion des participations de l’État des entreprises de réalisations de grands travaux hydrauliques), les représentants des travailleurs ont émis un préavis de grève le 10 juillet en application de la teneur des procès-verbaux de l’assemblée générale des travailleurs tenue le 5 et 24 juillet.
Dans ce document, il est énuméré pas moins de dix-neuf points d’ordre socioprofessionnel. Ahmed Amar, président du conseil d’administration, qu’on a rencontré avant-hier, parle, lui, d’«une gestion des capitaux marchands par la SGP» et de la «création d’un groupement qui renforce l’entreprise dans ses démarches dans la prise de parts dans un marché concurrentiel de plus en plus exigeant». «Cette reprise n’altère en rien l’autonomie de l’EGRUT et les exemples nombreux des entreprises ayant fusionné, comme à l’ETIFOR-Guelma, Sogrut-Médéa, sont là pour le démontrer», a-t-il ajouté. En tout état de cause, renchérit notre interlocuteur, «cette action intervient à un moment ou l’entreprise, avec un capital social de 148 milliards de DA et 33 ans d’existence, a acquis un plan de charge conséquent (500 millions de dinars à travers trois projets), assainissement financier décidé par la SGP et après que l’entreprise a dégagé, en 2011, un bénéfice en dépit d’une certaine hostilité».
En effet, l’EGRUT avait bénéficié de 400 millions de dinars pour l’acquisition de matériels et paiement de dettes dont celles de la CNAS. La décision de transfert/rattachement, que le Président du conseil d’administration qualifie de «stratégie de l’État», vise à «créer un groupe compétitif dans le cadre du développement dans les Hauts-Plateaux». Pour l’heure, le partenaire social représenté par deux syndicalistes a refusé de signer le procès-verbal du dernier conseil d’administration et qui avait pour objet, outre le transfert de l’EPE/SPA EGRUT-Tiaret, l’examen de la convention collective d’entreprise, la désignation du directeur général en la personne de Chikh Ahmed, l’adoption de la procédure interne des achats et services et examen, entre autres, de la situation sociale des travailleurs.
Employant près de 125 travailleurs dont cinq cadres dirigeants, l’EGRUT-Tiaret, l’une des rares entreprises qui a survécu au tristement célèbre plan d’ajustement structurel et autres secousses, est à la croisée des chemins. La grève, soutenue par le conseil exécutif de wilaya de l’UGTA lors de la rencontre du 4 juillet, a fait réagir la Fédération. Celle-ci a adressé un fax resté lettre morte. Tous soutiennent vouloir le bien de l’entreprise alors que de sérieuses divergences de forme ont apparu.
19 juillet 2012
EL WATAN, Entreprises, Fawzi Amellal., Tiaret