Du haut de votre piédestal vous indiquez avec majesté les heures qui s’enfuyaient trop rapides ou trop lentes au gré de chacun. Sage et discrète, vous n’égreniez point en notes aignes ou profondes la chanson des heures et le temps n’en coulait que plus vite ou que plus lentement.
Les passants vous regardaient et tous étaient mécontents.
« Déjà — seulement », et furieux contre vous qui n’en pouviez mais, ils allongeaient ou racourcissaient le pas.
Et alors, fâché à votre tour de mécontenter tout le monde, vous avez pris le parti de ne plus faire tourner vos longues aiguilles et vous jouissez en paix d’un repus bien gagné.
Mais comme autrefois la foule défilait sous votre oeil énorme et consultait du regard votre cadran. Et furieuse, encore de votre inaction, elle fulminait et tempêtait, certains contestaient votre utilité d’autres voulaient vous anéantir.
Et pouvaient -on grand Dieu, suspecter votre opportunité ? Ne serviez-vous point d’asile aux petits oiseaux ?
Ne serviez-vous point d’appui à ceux qui, ayant cherché l’oubli, venaient contre votre colonne, reposer leurs fronts brûlants ?
N’étiez-vous point l’ami des femmes qui ne veulent point vieillir ? Et vous étiez, ma foi aussi, dame horloge, fort énorme. Le temps est de l’argent,vous n’en dépensiez guère.
Mais si, hélas, tout passe, tout casse, tout lasse, tout s’arrange aussi, et remise à neuf, vous fonctionnez maintenant indifférente. Moi ,j’excusais votre colère.
Et en somme que vous reprochait-on ? Vous indiquiez l’heure exacte deux fois par 24heures. Une fois le jour, une fois la nuit, vous étiez dans le vrai. Quel est celui d’entre- vous qui en pourrait dire autant. PIERRE DE L’ECHO
L’ECHO DE Tiaret Journal républicain .
Organe des intérets de la région tiarétienne et du Sersou , paraissant le dimanche
dimanche 18 septembre 1910 4ème année N° 147
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27 juillet 2012
Archives, Echo de Tiaret Colonial