Avec les pompiers d’antan
Berrabah Benamara « J’ai aimé mon métier »
A la cité Hachemi Larbi, dans sa demeure, à la fois modeste mais qui s’apparente à un musée tant elle regorge d’objets du corps qu’il a tant aimé nous avons retrouvé l’ex pompier Benamara Berrabah débordant d’énergie et prêt à la dégaine, la voix quelque peu rauque mais l’esprit vif, gardant bon pied bon œil sur tout ce qui bouge. Affable et courtois il est d’abord fier de ses fils, ceux-là mêmes qui ont pris sa relève, Abdelkader et Ouahid. Berrabah a sept enfants. Du haut de ses 64 ans, il est né un 1er juillet 1948, il est déjà grand père. Bon conducteur, fumant et raillant la vie à pleines dents, il reste prêt à la dégaine. Il garde en mémoire beaucoup de souvenirs qui ont jalonnés sa vie professionnelle. Une vie professionnelle, loin d’égaler celle du moment où les moyens sont conséquents. « A notre époque, on travaillait d’arrache pied, souvent H/24 ». « Les moyens n’avaient rien d’égale avec ceux d’aujourd’hui » ajoute t’il un sourire aux lèvres mais un rictus qui dépeint son amertume d’avoir été « oublié après 29 ans de bons et loyaux services ». Oublié c’est peu dire assène t’il péremptoire. N’a-t-on pas été ceux qui ont relevé le défi et travailler le cœur gros comme ça pour valoir du respect à nos concitoyens en faisant sienne la devise « Secourir ou périr ». Dans la gorge nouée de Berrabah nous avons senti la précarité mais une certaine fierté d’avoir appartenir à un corps, la protection civile avec en sus de la dignité. Notre hôte d’un jour se rappelle bien de ses journées qui commencent par l’accessoire « faire démarrer les gros camions difficilement pour ne pas bousiller le moteur et se résoudre à se porter volontaire là ou le devoir l’exige ». Il se rappelle jusqu’aux réquisitions pour un motif ou un autre. L’explosion du « Regina » reste un souvenir indélébile. Il fallait après cette explosion, extirper les corps déchiquetés, ramasser les lambeaux et extraire des personnes sous les décombres. S’ensuivit un long et pénible travail de déblaiement. On travaillait sept jours sur sept sans rechigner. Notre compagnie comptait en ces temps là, seulement quatorze personnes et c’est dire la tache qui était la notre. On était assermenté. Cette passion pour le travail a quand même pris fin en 1998 quand l’heure de la retraite sonna. J’étais adjudant. Je me résous lâcha t ’il à recommencer une autre vie. Bricoler, amateur d’objets liés à la protection civile. Un gros camion miniature trône sur un buffet tout autant que le casque. Le clou de notre visite sera le garage, un véritable joyau dont les murs sont pleins d’objets hétéroclites, savamment disposés pour dire l’amour et l’attachement au noble métier qu’il exerça. Débonnaire et dubitatif monsieur Berrabah a le sentiment du devoir accompli mais réitère son vœu de voir les responsables leur prêter une attention. Depuis la «Omra » effectué en 2005 aucun signe n’est venu atténuer nos appréhensions mais oublie que notre visite chez lui a été le fait de monsieur Mahmoudi, le jeune colonel qui insista pour dévoile un pan de l’histoire d’un ancien pompier.
Amellal Fawzi
6 août 2012
Fawzi Amellal., PERSONNALITES, Tiaret