Les députés, représentant différents partis politiques, qualifient de «prématurée» la décision de démission collective, prise par des présidents d’APC en Algérie.
Rappelons, en effet, que Mouhib Khatir, président de l’APC de Zéralda et du forum regroupant quelques six cents maires, avait déclaré à la presse que les P/APC sont nombreux à envisager de déposer leur démission jeudi prochain à l’APN, en signe de contestation contre le projet de loi relatif au code communal.
«C’est une réaction tout à fait compréhensible de la part des P/APC. D’autant plus que ce projet de loi limite leurs prérogatives en faveur de l’administration. Il faut savoir, en effet, qu’en cas d’état d’urgence par exemple, le P/APC ne pourra pas prendre des initiatives. Il faut d’abord l’aval du wali. Mais si un fait malheureux survienne, c’est le président de l’APC qui sera en premier traduit en justice. Ce qui est injuste. Au fait, ce projet rend les choses encore plus complexes.
L’appréhension des maires est légitime car il y a entrave dans l’exercice du mandat de l’élu», estime Ramdan Taazibt, député au PT. Toutefois, souligne pour sa part Azzedine Boutaleb, député au FLN, les P/APC devraient attendre un peu avant de prendre cette décision. «Les maires se sont trop précipités dans leur décision. Il ne faut pas oublier que le code communal est actuellement en débat et il y aura certainement des amendements», dit-il alors que Ali Hafdallah, député d’Ennahda, affirme soutenir complètement leur décision. «La décision des P/APC va dans la même direction que nos convictions. Nous sommes contre ce projet et nous avons l’intention d’introduire un manifeste pour le faire annuler ou au mois le reporter», fait-il savoir.
Le RND, par la voix du député Benhlima, et le MSP par la voix du député Abderrahman Saaidi, se disent également comprendre la réaction de maires. «Le P/APC se retrouve démuni de ses prérogatives. Il ne peut s’occuper que des extraits de naissance et des actes de décès. Il ne peut pas intervenir dans l’emploi, le logement ou dans tout ce qui touche de près les citoyens qui l’ont élu !
On lui limite ses prérogatives alors que c’est lui qui sait quels sont les problèmes à régler, quelles sont les priorités. Pour notre part, nous allons agir en leur faveur. Nous avons l’intention de proposer des amendements pour que les P/APC assurent réellement leurs rôles et pour cela, nous avons pris en considération les préoccupations de 500 APC», affirme le député du RND.
Quant au représentant du MSP, il dira que son parti compte défendre les P/APC élus en tenant de maintenir leurs prérogatives. «Notre souci est de ne pas provoquer une situation de crise entre l’administration et les élus. Il faut commencer dès maintenant à désamorcer les conflits probables. Et puis, il ne faut pas oublier que les P/APC ont des partis politiques qui les représentent. Ces derniers doivent les défendre !», conclut-il.
Par ailleurs, concernant les déclarations de M. Khatir dans lesquelles il affirme que les P/APC n’ont pas été associés dans l’élaboration de ce projet de loi, le représentant du PT affirme le contraire en assurant qu’une dizaine de P/APC ont été entendus dans la commission juridique chargée de ce projet.
«Mais ce nombre est insuffisant», signale-t-il néanmoins. Chose que confirme Abderezzak Achouri, membre de cette commission juridique. «Nous avons fait appel à 34 P/APC. Dix seulement se sont présentés. Parmi eux, on a eu des pour et des contre. Cela dit, le projet de code communal ne restera pas tel qu’il est actuellement. Il connaîtra des changements radicaux et ce, avec la contribution de tous les partis politiques qui promettent de faire des suggestions aussi riches que différentes», explique-t-il.
Horizons
14 août 2012
Boutaleb Azzedine, POLITIQUE