Samedi’20 Février 1932
Comment Outre-Rhin, on conte l’Histoire de la Colonisation Algérienne
Notre confrère «Je suis Par- tout» a reproduit, ces jours derniers. la singulière prose du
«Mûnchener Zeitung » au sujet de la colonisation de l’Oranie.
En voici le passage saillant et édifiant :
« On connaît l’existence de la Légion Etrangère Française, cette honte de la civilisation. Elle
existe depuis un siècle et se compose.de sept régiments, soit prés de 45.000 hommes dont 40 à 5
p. 100 sont Allemands.
«Or, les chefs français sont unanimes à apprécier complétetement le légionnaire allemand.
Mais cette estime s’exprime au- près d’un certain nombre d’entre ces derniers, d’une façon ,toute particulière, Quand l’Allemand a terminé son engagement de cinq ans, on fait pression sur
lui pour lui faire faire quinze ans en tout. On fait miroiter devant ses yeux des promesses alléchantes dont certaines ont toujours effet celle en particulier d’avoir le droit, après ces quinze années de service à une pension ou de pouvoir, avec l’aide du gouvernement français, s’établir comme colon en Algérie,
notamment dans la province d’Oran.
« Cet espoir pousse une partie des légionnaires allemands à s’engager encore pour dix autres années. ‘
« .. Ainsi, le légionnaire endure les efforts les plus épuisants, les pires dangers, le mépris de la population française; sans compter un climat meurtrier, pour toucher, au bout, de quinze ans, une rente mensuelle variant, selon le grade, de 600 à 1.000 francs. •
« Alors commence pour les libéré une attente de plusieurs mois. Le Ministère des Pensions n’est pas pressé de s’exécuter il préfère de beaucoup proposer l’achat d’une terre dans la province d’Oran. Certains légionnaires acceptent encore. Quelques hectares en friche sont alors remis an légionnaire licencié qui se met au travail avec des ressources infimes car une partie de sa pension lui est d’à-
bord retenue.Heureusement pour lui, ce vétéran a appris le travail et les privations .. Deux
autres circonstances viennent à son secours la main d’oeuvre est extraordinairement bon marché et les indigènes travaillent très volontiers chez le « Fritz »
En outre les colons espagnols si nombreux dans la province d’Oran .., apprécient beaucoup les
nouveaux colons allemands, leur accordent volontiers leurs filles en mariage ..,. »
Et l’auteur de ces lignes conclut en affirmant avoir terminé son enquête en s’entretenant avec le maire de Tlemcen qui lui aurait déclaré «que ses allemands étaient ses meilleurs colons et les travailleurs les plus disciplinés , qu’il souhaitait que beaucoup d’Allemands vinssent s’établir sur son territoire»
On pourrait négliger toutes ces élucubrations sur la Légion « honte de la civilisation.» sur le sort malheureux des légionnaires, sur la mauvaise foi de notre gouvernement et le mépris de la population française à leur égard. Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous avons l’occasion de voir colporter sur la Légion des calomnies de ce genre, dont nos anciens légionnaires allemands sont du reste les premiers à faire justice Mais il importait en cette circonstance, de savoir si, vraiment, l’auteur de l’article du « Münchener Zeitung avait réellement fait l’enquête dont il parlait.
Notre excellent confrère. « Oran Matin » a eu l’heureuse idée de questionner, à ce sujet M. Valleur, l’honorable maire de Tlemcen, si cavalièrement mis en cause et la réponse de ce magistrat ne nous a pas surpris
« Je n’ai jamais été interviewé sur ce sujet. Je n’ai jamais reçu de reporter allemand chez moi et j’oppose le démenti le plus formel à cette information.
Par ailleurs, je crois pouvoir vous assurer qu’il n’y a pas des colons allemands dans ma région.
Voilà jugée la valeur des assertions du «Münchener Zeitung».
Un doute, pourtant, nous envahit en écrivant ces lignes. Cette prose, par sa manière, nous rappelle étrangement celle qu’un certain «commandant» moins qu’authentique adressait il y a quelques années à un grand journal du Nord pour conter — contre rétribution — les péripéties de sa randonnée à travers le-Sahara qui n’était, en vérité, qu’un «voyage autour de sa chambre».Elle rappelle également les productions ultra-fantaisistes du même « faux-commandant» sur
l’organisation de l’espionnage dans le Nord de l’Afrique et sur la défense des côtes algériennes.
Notre confrère allemand aurait-il été mystifié par un publiciste aussi habile à exploiter ses
sentiments anti-français que le furent les trop crédules officiers et confrères français en lisant_
les pseudo-révélations du non moins pseudo-commandant :
En le cas présent nous laissons au « Munchener Zeitung » l’embarras du choix :
Ou dévoiler et stigmatiser son faux informateur ou tolérer que les écrivains qui placent la probité littéraire au-dessus de toutes les nationalités le stigmatisent lui-même à l’égal d’un faussaire. Nous attendons la réponse de notre confrère d’outre-Rhin … (L’Evolution Nord-Africaine).-
Echo de Tiaret N° 1166 du Samedi 20 Février 1932
31 août 2012 à 21 09 01 08018
Intéressant l’interview avec Albert Valleur. Il est mon arrière grand-père…j’ai trouver cette article en cherchant d’informations sur lui.
Daniel Silver
Canada