Récit - Ce café à l’origine était une maison du soldat dans les années 40 un «dar el askri» qui devait mettre en contact les militaires entre eux, les anciens combattants comme les appelés.
Peut-être ne le savez-vous pas, mais la plupart des cafés maures, au temps de l’occupation française, portaient souvent le nom de l’artiste ou du chanteur qui venait souvent rencontrer ses amis et quelquefois ses fans. On disait à l’époque ses admirateurs.
Le temps aidant, ces cafés sont devenus de véritables repères géographiques dans la cité.
Dans les années 50, n’importe quel citoyen de Tiaret pouvait vous orienter à partir de «Kahouet cheikh Adda Tiaréti». Le chanteur du djebel Ammour avait pris l’habitude en effet de s’installer au fond de ce commerce non pas pour juger de sa notoriété, mais plutôt du nombre de consommateurs qui réclamaient son disque.
En revanche on pouvait voir et discuter avec Hadj M’hamed El-Anka de tous les sujets, il suffisait de commander un café ou un thé au café qui était le sien car l’artiste était toujours disponible derrière son tiroir-caisse.
Avec son accord sûrement écrit ou notarié, le chanteur a donné son nom à une marque de café qui n’a pas pris une ride depuis. Vous l’avez peut-être vu sur un rayon de supérette, le «café El-Anka» ne passe pas inaperçu.
A Mostaganem, le roi du bédouin, cheikh Hamada, avait, lui aussi, «son» café. Naturellement il était situé dans le quartier le plus populaire de la ville, «Tigditt». Avant d’être pendant longtemps «kahouet Hamada», ce commerce en réalité s’appelait «Qaddous el-meddah».
Quelques précisions s’imposent : dans le «patois» mostaganémois, le terme de «Qaddous» ne signifie pas tuyau, mais robinet.
Or ce café à l’origine était une maison du soldat dans les années 40 un «dar el askri» qui devait mettre en contact les militaires entre eux, les anciens combattants comme les appelés.
Pour des raisons qui lui sont propres le patron avait placé à l’extérieur de son établissement deux haut-parleurs et, pour attirer les clients, il avait fait installer un robinet sur le trottoir pour servir gratuitement l’eau au public.
Et comme ces haut-parleurs étaient lâchés à fond pendant toute la journée les riverains ont tout simplement appelé ce café «Qaddous el meddah». (Le robinet du troubadour).
Les haut-parleurs ont disparu bien sûr, le robinet aussi et le commerce s’appelle toujours «Qaddous el meddah».
Pour faire la pub d’une Russie en plein dégel Gilbert Bécaud n’avait pas hésité à donner à un café près de la place Rouge à Moscou le nom de «café Pouchkine».
Or non seulement Pouchkine n’a jamais mis les pieds dans ce café, mais mieux les autorités soviétiques se sont crues obligées de le baptiser officiellement à son nom pour faire plaisir au chanteur et rendre hommage à son titre Nathalie.
Abdenour Fayçal
21 août 2012
Adda Tiaret