HOMMAGE AU MOUDJAHED SI ABDELHAMID Le parcours d’un Homme exemplaire

Il y a un an, le 29 septembre 2011, Si Djillali Benguasmia, une grande figure oranaise connue pour son glorieux passé révolutionnaire, ses grandes qualités humaines et son sincère engagement patriotique nous a quittés, décédé à la suite d’une longue maladie.

BENGUESMIA CHADLY Djillali, plus connu sous son nom de guerre «Si Abdelhamid » est né le 8 janvier 1936 à Mohamédia, près de Mascara. Connu pour son courage, son humilité et sa modestie, il a laissé aux Oranais le souvenir et l’image d’un noble combattant ayant inscrit son nom aux plus belles pages de la Révolution algérienne. Dès 1955, alors âgé de 20 ans, ‘’Si Abdelhamid‘’ s’est engagé en militant dans les rangs du FLN historique. Et fut retenu parmi les cadres de l’ALN avec diverses responsabilités politiques et militaires aux côtés de si Bahi, du commandant si Madjid et de son frère Miloud d’El Gaada ainsi que de si Zaghloul. Des missions menées avec dévouement jusqu’à son arrestation au mois de juin 1957. Après avoir connu les affres de la torture et de la détention à la prison d’Oran, il fut transféré à la sinistre centrale de Berrouaghia jusqu’à sa libération en 1959. Homme d’action intrépide ne pouvant rester inactif, il reprit le maquis à la wilaya 5 où Si Mossadegh le chef de la zone 4, était chargé de réorganiser la ville d’Oran en zone autonome. Ce qui ne put malheureusement pas être établi suite au décès de si Mossadegh abattu lors d’un accrochage avec les forces colonialistes au Bd Gauthier à Delmonte, et aussitôt remplacé par Si Medjahed qui avait repris les liaisons. Sous l’impulsion de si Abdelhamid, des attentats quotidiens sont organisés par les groupes de fidayines malgré l’encerclement des quartiers musulmans par les barbelés et le contrôle sévère des populations algériennes. Malgré les forces et les moyens dissuasifs de l’occupant qui voulait briser la résistance des Oranais, les groupes de nos fidayines réussissaient à faire subir aux forces coloniales des journées et des nuits d’actions que les occupants appelaient à l’époque «Les Evénements d’Oran». Suite aux impressionnantes séries d’attentats, les forces françaises ont alors lancé une grande offensive qui devait hélas aboutir dans la nuit du 25 au 26 juin 1961 à l’arrestation de plusieurs fidayines déterminés, dont si Abdelhamid au quartier des Planteurs, une arrestation réalisée suite à l’exploitation de certains renseignements. Ayant faussement annoncé sa mort durant l’opération, les tortionnaires de l’armée coloniale s’apprêtaient à faire subir à Si Abdelhamid leurs pratiques d’interrogatoire digne de la Gestapo nazie. Suite aux articles de journaux annonçant faussement la mort de Si Abdelhamid, le commandement de la wilaya 5 diffusa une déclaration de démenti au préfet d’Oran et à divers membres du gouvernement français. Car le jour même de sa capture, le lendemain et les jours suivants, Si Abdelhamid, bel et bien vivant, a été confronté avec plusieurs personnes dans les salles de tortures du siège du 2è bureau de la division d’Oran. Une grève générale et des manifestations se sont déroulées dans les quartiers musulmans d’Oran. Les manifestants, tout en scandant Tahia El Djazair, réclamaient la libération de si Abdelhamid unanimement admiré et aimé. Une lettre, glissée dans le panier de la ménagère durant les courses au marché pour la mère du commissaire du 2è bureau, a fait comprendre au policier français le risque encouru en cas d’atteinte à la vie de SI Abdelhamid. En cas de représailles. Ces initiatives lui sauvèrent la vie sans toutefois le préserver des sévices et des tortures réservés aux Algériens arrêtés. Si Abdelhamid fut ainsi victime de la cruauté des principaux agents du 2éme bureau exaspéré de surcroît par le courage et la dignité d’un Homme qui réclamait un officier de son rang pour étre interrogé. Avec des avalanches de coups ou le poing et de coups de pieds, de coups de barre de fer, Si Abdelhamid qui perdait connaissance, se retrouvait ensuite enchainé à un anneau au mur de sa cellule, dans une position où le moindre mouvement le faisait atrocement souffrir. A 19 h ce jour du 26 juin, il recevait la visite du commissaire principal Bauech, accompagné de son adjoint Warriot, de 3 inspecteurs dont le sinistre Hazaupardi, d’un caporal et de 2 soldats qui le déshabillèrent avec violence pour l’avilir et anéantir sa résistance. Devant son refus de «coopérer», les tortionnaires passèrent à «l’étape suprême» de leur art, usant tour à tour des décharges électriques, du torchon mouillé et arrosé d’eau sur le nez et des coups inlassables sur toutes les parties du corps. A partir du 13è jour, les séances de tortures morales commencèrent avec l’exécution de son camarade et frère d’armes Géryville, abattu devant lui d’une rafale de mitraillette en périphérie de la ville où ils furent conduits tous les deux par leurs tortionnaires. Cet horrible assassinat de son camarade Géryville marquait la conclusion haineuse que comptait apporter la France à sa politique de pacification. Si Abdelhamid, qui se rendait compte de la précarité d’une vie livrée aux forces de la police coloniale, pouvait qu’affermir et renforcer ses sentiments et son engagement de combattant algérien pour l’indépendance. Grace à son courage, sa ténacité, sa patience devant l’adversité et son sens du sacrifice, son réseau ne fut jamais démantelé et aucune arrestation n’a pu être opérée par les forces colonialistes. Transféré à la prison d’Oran et inculpé pour 52 attentats organisés à Oran, il sera jugé le 17 octobre 1961 devant le tribunal militaire d’Oran. Beaucoup d’Algériens assistèrent à la première audience. Après la lecture de l’acte d’accusation, Si Abdelhamid interrogé, veut placer le débat sur le plan politique et prononce un réquisitoire sans appel contre le colonialisme français, contraignant le président du tribunal à l’interrompre et l’empêcher de parler. Les Algériens encerclent le palais de justice et manifestent leur mécontentement aux cris de Algérie Algérienne, Tahia Djazair, libérez Abdelhamid, provoquant ainsi l’intervention sauvage des CRS. En fin d’après-midi, à huis clos, la peine de mort fut prononcée à sept reprises pour les différents chefs d’inculpation retenus à l’encontre de si Abdelhamid. Transféré à la prison d’Oran dans le quartier des condamnés à mort, Si Abdelhamid n’eut qu’une idée et un objectif en tête: «S’EVADER». Avec feu si Houari Guerrab, ils organisent alors un projet d’évasion en réactivant les contacts avec l’extérieur afin que son réseau dirigé par si Omar de son vrai nom MOUEDDENE Benaoumeur, puisse lui apporter les moyens matériels et logistiques pour réussir la fuite des détenus. Si Abdelhamid envisagea de faire d’abord évader les officiers de l’ALN emprisonnés à Oran. Le capitaine HAMDANI Adda chef de zone de Tiaret qui dirigeait le comité des détenus, déclina l’offre estimant que Si Abdelhamid était plus apte que lui pour reprendre le combat à Oran. Ce fut donc le lieutenant Ahmed AIT TAYEB, de la zone 5 blessé au cours d’un accrochage avec la légion étrangère et qui a aussi connu les affres des arrestations, qui fut choisi pour le faire évader. Malheureusement, l’opération s’est soldée par un échec suite à un manque de préparation et de moyens. Après une seconde tentative avortée, Si Abdelhamid décide de mener seul une opération d’évasion avec l’aide de 2 prisonniers affectés au ramassage des ordures ménagères, BRICHE Lakhdar et LOUCINI Hanifi. Assuré de leur fidélité, il choisit la date symbolique du 1er Novembre pour l’évasion. La veille, le 31 octobre, il persuada un jeune condamné à mort à prendre sa place dans sa cellule en feignant de dormir. Avant la fermeture des salles, il se faufile discrètement passant du quartier des condamnés à mort aux cuisines grâce à ses deux complices qui le cachent derrière une grande marmite, jusqu’à 5 h du matin, quand ils reviennent le chercher pour le mettre dans un grand sac percé de plusieurs trous qui sera transporté dans le bac à ordures destiné au camion de ramassage des ordures ménagères de la prison. A la décharge du Petit Lac, le camion déchargea sa cargaison au fond d’une large fosse, et si Abdelhamid arrive à sortir péniblement du sac et remonte la pente sous l’oeil médusé du chauffeur et des enfants qui triaient les ordures, il se rendit au domicile de Ali KHOUDIMI où il put enfin se laver, se restaurer et changer de vêtements jusqu’à ce que son épouse Mimia avertie, vienne le récupérer et l’emmener à Chollet pour changer de refuge dans la villa de Mahrougerras. Si Abdelhamid reprit ses activités combattantes non seulement contre l’armée française mais aussi contre L’OAS et ses généraux Salan et Jouhaud auxquels il livra une lutte sans merci jusqu’au jour de l’indépendance leur refusant toute négociation à l’instar de la zone autonome d’Alger qui avait accepté de discuter avec cette organisation criminelle. Au lendemain de l’indépendance, Si Abdelhamid fut chargé de rétablir le fonctionnement des services publics et, dirigea la police judiciaire pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Il avait aussi occupé différentes fonctions au sein du FLN en qualité de commissaire et contrôleur du parti. En 1970, il décida de se retirer définitivement de la vie politique. Son engagement militant jamais démenti, son humanité et son humilité, ont permis à Si Abdelhamid de ne jamais cesser d’être au service de ces concitoyens dans le respect des principes et des valeurs de progrès, de liberté et de justice sociale. Le 29 septembre 2011 où il succombe aux suites d’une longue maladie résultant des séquelles des actes de tortures qu’il avait subies, il a été inhumé dans le Carré des martyrs du cimetière d’Ain El Beida en présence d’une foule impressionnante, des autorités locales civiles et militaires, du ministre de la Communication, de personnalités et anciens compagnons.