Une rencontre ayant pour thème «la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants » a été tenue à Tiaret, animée par les experts de la santé, initiée par le réseau Wassila Avire, en collaboration avec les associations locales.Une panoplie de communications intitulées «présentation du guide de dépistage des violences» par Nadia Hamza, sage-femme, «conséquences sur la violence de la santé», par le Dr R. Naceur, neurologue et «les violences conjugales qu’en est-il dans la wilaya de Tiaret» par le Dr Nahar Kaili Nadjat, médecin légiste suivi par la projection du film «Safia, une histoire de femme», réalisée par Djahnine Habiba, soeur de Nabila, assassinée par la horde sauvage à Tizi Ouzou. Les rapports des intervenants sur la violence à l’égard des femmes font état d’une recrudescence sans précédent des cas de viol et de coups et blessures volontaires (CBV). A Tiaret et selon le médecin légiste Kaili Nadjat, plus de 20 femmes sont violées chaque année et plus de 1 977 ont été battues dont 11 ont trouvé la mort durant les 10 premiers mois de l’année en cours. Selon un document sur la violence contre les femmes établi par notre interlocutrice, des cas recensés par son service, «962 cas enregistrés en 2000, 962 cas durant l’année 1993 et durant le mois de Ramadan dernier, on compte 390». «Beaucoup de victimes hésitent à déposer plainte par peur des représailles ou par honte», explique la conférencière auteur de l’intervention dont les mêmes services accueillent une moyenne de 42 victimes quotidiennement et près de 400 cas par semaine. 30 victimes sont âgées entre 18 et 20 ans, 19 de 30 ans, 50 ans avec 15 cas et plus de 50 ans avec une dizaine de cas. Le rapport fait ressortir que même les femmes âgées ne sont pas épargnées par la violence, L’objectif de cette journée est de comprendre ce phénomène de violence, donner des solutions et non condamner. A propos des thèmes communiqués par l’intervenante Nadjat Kaili «comment réduire l’emprise de la violence, la réduire ou la contrôler car l’éliminer est hors d’atteinte de l’homme». Il est important de cerner les problèmes majeurs qui poussent les hommes à la violence. On doit proposer des solutions et prendre en charge les femmes violentées sur trois importants plans : psychologique, psychiatrique, social. Longtemps tenue en marge, la violence s’est installée, elle monte, et elle nous interpelle, la vie elle-même devient violente, une agressivité nouvelle, marque les relations personnelles et sociales. Parmi ces violences, la violence conte la femme dans le couple est très répandue, a explique le médecin légistes dont les méthodes sont nombreuses. L’abus de pouvoir, la démission, le comportement autodestructeur : l’alcool, toxicomanie, l’isolement la violence sexuelle… L’étude du médecine Nahar Kaili Nadjat souligne la définition de la violence. «La violence est une manifestation de la force avec extériorisation de l’agressivité, le psycho-traumatisme lié à la violence. C’est une situation stressante, intense, inattendue, inimaginable et indicible qui déborde et détruit les défenses du sujet et provoque chez lui des symptômes de détresse. D’après l’exposé de notre intervenante, une femme sur 5 subi une violence physique, 2 femmes sur 5 subissent une violence psychologique. La violence a un contenu de brutalité et de mépris et elle prend de nombreuses formes qui vont de l’humiliation à l’extrême brutalité physique, ce qui perturbe la famille, notamment les enfants, explique la conférencière. Elle provoque des blessures sévères. Il faut savoir qu’ on hérite tous de l’enfance, martèle-t- elle. Il ne suffit pas de nourrir l’enfant, de veiller à ce qu’il ait bien chaud, il lui faut des parents qui l’entourent dès sa naissance, qui jouent avec lui, qui lui témoignent de l’affection. C’est cela l’enfant désiré. En réalité, la violence contre la femme concerne beaucoup de monde, on la trouve dans toutes les couches sociales. Il est faux de dire que la violence contre la femme ne concerne que peu de personnes Il est faux de dire que la violence n’a cours que dans les milieux défavorisés mais elle touche les femmes. «On la retrouve dans tous les milieux, toutes les cultures, tous les âges, à tous les niveaux de formation, dans les villes comme à la campagne », a expliqué Mme Nahar. «Il est faux de dire que la violence est due à une perte momentanée de contrôle de l’homme. En réalité le recours à la violence est un moyen pour contrôler et soumettre la femme. Il est faux de dire que la violence contre la femme se résume à une gifle ou un coup». Selon les statistiques avancés, une femme sur 5 est blessée, ce que confirme l’enquête. De nombreuses difficultés empêchent les femmes de quitter leurs maris. Les unes ne savent par où aller, elles n’ont pas d’argent, «ne travaillent pas». Les autres ont peur pour la garde de leurs enfants, elles ont peur pour leur vie et pour celle de leurs enfants et la majorité des femmes battues ont perdu toute confiance et ne trouvent pas la force nécessaire pour s’en aller et elles aiment encore leur mari. Les séminaristes ont suivi la communication sur la spirale de la violence. Selon le médecin Nadjat, la plupart des hommes qui se sont montrés violents envers leurs femmes promettent de changer, et pour prouver leur détermination, ils rapportent souvent des cadeaux à la maison, ils demandent pardon, reconnaissent leur culpabilité et promettent de s’améliorer. Et après une phase de réconciliation, le cycle recommence. C’est ce qu’on appelle la spirale de la violence. La question qui se pose est la suivante : «Pourquoi de nombreuses femmes battues restent malgré tout ?» La réponse repose sur trois facteurs : amour, espoir et peur. Pour lutter lutte contre le phénomène de la violence conjugale, notre intervenante Kaili Nadjat adresse un message aux associations et médias qui ont pour mission l’information, la sensibilisation et l’éducation ainsi que la lutte contre la toxicomanie, l’alcoolisme et la consommation de psychotropes. Par ailleurs, d’autres rôles inscrits au calepin de la conférencière ceux de la famille, l’école les endroits de culte (valeurs morales) et les pouvoirs répressifs (sanction) avec la création des cellules d’écoute, des lignes téléphoniques et permanence. Parmi les interventions, , il y a «violences faites aux femmes, problématique et potentialité dans la wilaya de Tiaret», «prise en charge médico-légale des victimes de violence» et «la transmission intergénérationnelle de la violence», animées par la Dr Benahmed (Tiaret), le Dr Khattir chef du service de médecine légale à Saïda, le Dr Benferhat (Université de Tiaret). Cette importante rencontre a connu la participation du Pr F. Miloudi, chef du service du CHU Zéralda, l’avocate Smati et Mme Ouessedik, sociologue, avec des communications «sur la violence conjugale, réalité du terrain’. Deux ateliers (médico-social et juridque) avec des propositions pour améliorer la prise en charge et le signalement des violences. Sur la question de la violence à l’égard des femmes et des filles, elle invite les femmes députés à promouvoir les pratiques de lutte contre la violence et les programmes destinés à combattre toutes les formes de discrimination initiées au niveau local ou national.
Hamzaoui Benchohra
25 octobre 2012
Hamzaoui Benchohra, NOUVELLE REPUBLIQUE (LA ), Violence