le 05.11.12 | 10h00
La commune compte des centaines de diplômés qui chôment.
Située à 68 kilomètres au sud du chef-lieu de wilaya, Aïn-Dheb, celle qu’autrefois on appelait «La Fontaine», du temps des Français, voire «El Oussakh» pour une légende liée à une aire destinée aux bestiaux, est une commune qui connaît un développement harmonieux où l’agropastoralisme reste dominant. Aïn Dheb tire aussi son appellation de «Sandouk Atadhamoun» puisque les habitants avaient grandement contribué à remplir les caisses comme demandé par feu Ahmed Ben Bella. Aïn Dheb compte 30 000 habitants et connaît un taux d’accroissement de 2,61%. Une extraordinaire mue ou ruralité rime avec modernité. Les mouvements de population ont fait que 85,12% d’entre eux vivent en zones urbaines, d’où les demandes croissantes d’alimentation en eau potable, assainissement, aménagement urbain et une forte demande sur le logement sous ses différents types.
Aïn Dheb c’est aussi et surtout les vastes étendues steppiques qu’on estime à plus de 100 000 hectares et ses trois zones de mises en défens «Hedaouna», «Alibet» et «Guesm Helaiss». Devenue la pomme de discorde entre clans et tribus de différentes contrées, l’exploitation de la steppe ne laisse aucun éleveur insensible, d’où les multiples et incessantes intrigues tant les enjeux financiers restent grands. Une situation qui pousse ceux qu’on appelle généralement la «maffia de la steppe» à actionner ses relais pour déstabiliser n’importe quel responsable bien que les mises en défens sont ouvertes suivant un arrêté du wali pour des périodes déterminées.
Face à cet inextricable problème que même le HCDS (Haut Commissariat au développement de la steppe) n’a pu endiguer pour départager les parties en conflit, on se focalise sur le développement et ses conséquences, sur le cadre de vie. Là, il y a matière. Aïn Dheb s’est projetée dans l’avenir en concrétisant un important programme. Depuis le logement, où furent construits 630 logements de type social locatif, à l’habitat rural où l’on a réalisé 600 unités, à l’aménagement urbain, notamment dans les cités frères Belkhayati, Haï Djamil et Ouled Sidi Cheikh (AEP, assainissement, trottoirs et bitumage des routes), aux équipements publics, rien n’est délaissé. Il y a eu même l’ouverture de 500 kilomètres de pistes pour désenclaver davantage de douars et de hameaux.
Des projets en attente
L’assemblée populaire communale d’Aïn Dheb, fourvoyée quelque temps dans des querelles de chapelle, se distingue par sa propreté et ses espaces de verdure et a, par le biais de son APC, inscrit plusieurs projets pour valoir à la commune de changer de visage. L’espace d’une simple virée dans les travées du village, on reste stupéfait par les progrès accomplis. Quand on interpelle le maire Hadj Mohamed Miloudi sur certaines accusations, notamment celle «d’avoir accaparé des terres indument», il répond sans sourciller que «ces terres arch sont un héritage de ses parents, les Ouled El Hachemi et quiconque a des preuves contraires qu’il saisisse la justice».
À vrai dire, renchérit notre interlocuteur, «j’ai refusé que certaines pratiques continuent sous ma mandature et donc fatalement je gêne des gens».
S’agissant des marchés publics, monsieur Youssef Sadou, secrétaire général de l’APC, tient à préciser qu’«à notre niveau, aucun recours n’a été introduit pour un quelconque marché» non sans ajouter que «le maire a fait inscrire son numéro de téléphone sur les murs pour que les citoyens peuvent l’approcher à tout moment sur tout éventuel problème». A l’entrée de la ville, le projet d’une gare traîne en longueur, d’où la réponse du président : «Ce projet hérité depuis 2007 a fait l’objet d’une expertise et on a constaté que le taux physique n’égale pas celui financier». D’ailleurs, un projet sectoriel portant sur la réalisation d’une gare routière va être implanté en lieu et place du premier. Aïn Dheb, connue pour être un carrefour d’échanges commerciaux, va avoir son propre marché, le deuxième en importance après Tiaret. Doté d’une enveloppe de 26 millions de dinars, son taux d’avancement est estimé à 40%.
L’APC, qui a modernisé son parc par l’apport de machines, reste concernée par la réalisation d’une auberge de jeunes, d’un centre culturel, de deux stades de proximité, une antenne administrative à «Haï El Djamil», équipement d’un siège pour l’ANEM et un siège pour l’ADS. En dépit de ses efforts, Aïn Dheb doit chercher des solutions pour donner du travail à ses enfants.
La commune compte d’ailleurs des centaines de diplômés qui chôment. Avant de quitter le village, des stèles sont érigées à l’entrée et à la sortie pour dire que la culture a aussi ses adeptes. Ici, un beau cavalier montant sur un cheval blanc superbement harnaché, de l’autre, une stèle où est représentée une brebis pour dire la richesse du terroir.
Fawzi Amellal
© El Watan
5 novembre 2012
AIN DEHEB, EL WATAN, Fawzi Amellal., PROJETS