Missoum Belabbes, né le 01/04/1940 à Tiaret, fils de Belgacem et de Kaddour Fatma, est de ceux qui préfèrent risquer leur vie sous les balles que vivre dans l’humiliation. Son frère Tahar nous raconte ici la vie du chahid. L’enfant est né rebelle et ce n’était pas un poisson d’avril. Très au fait déjà des arcanes de la vie, grandi vite dans les milieux où il est dur de se frayer un chemin pour s’intégrer dans les cercles des clans. Rompu aux conditions les plus dures de la vie et de la clandestinité,Belabbes doit connaitre par coeur tous les chants des rafales, rythmes des interpellations et bruits de bottes des pelotons d’exécution. A l’école primaire «Pasteur», il s’est fait remarquer pour sa vivacité, son courage et son sens patriotique acquis depuis la cellule familiale En quittant l’école (1953), il travailla comme mécanicien apprenti. Et étant tout dévoué à la cause de son pays, alors son sens patriotique imposant et sa discrétion dominante lui valurent un intérêt des chefs FLN activant dans la région. Le Moudjahid Berbiha Mohamed, compagnon du chahid Belabbes, avec qui il a fait l’école de la révolution, la rébellion, la guérilla, la clandestinité et le maniement des armes, a été le témoin et gardien de la mémoire collective. Les réseaux secrets du FLN se lancèrent dans la récupération et le recrutement de jeunes fédayins dont Belabbes, eu égard à son physique imposant, son jeune âge (21 ans), son mépris à l’égard de l’occupant militaire et sa capacité aux combats des rues. En s’intégrant dans la spirale de la clandestinité et dans l’action secrète, il est devenu un activiste très dangereux, recherché par les détachements militaires ayant élu domicile dans une villa située sur les hauteurs de la ville. Suite à des informations fournies par des supplétifs recrutés dans les milieux des colons et des harkis, il a été arrêté dans son quartier le soir du 18/08/1961 puis conduit non pas dans un centre de transit et de tri (CTT) lieux de détentions conventionnels mais dans une sinistre villa servant de base pour les détachements opérationnels de protection (DOP), organisme militaire créé en 1956 avec pour mission de démanteler les réseaux secrets du FLN. Dans la nuit du 24/08/1961, c’est la «corvée de bois» dans le jargon des tortionnaires, souvent appliquée à des prisonniers jugés dangereux, le chef de DOP lui a tiré une rafale de balles dans le dos après avoir été torturé, en simulant ainsi une évasion de nuit. Son corps a été transféré à la morgue de l’hôpital pour faire disparaitre toutes traces, confie toujours son frère Hadj Tahar Missoum qui retient encore dans sa mémoire cette scène horrible quand, sur ordre des militaires, la dépouille du chahid leur a été refusée et enterrée par des fossoyeurs militaires en présence des membres de la famille. Aujourd’hui, alors que l’Algérie commémore le 50e anniversaire de l’indépendance, le chahid repose en paix au carré des martyrs aux côtés de ses frères, tous morts aux combats les armes à la main.
B.Kacem
12 novembre 2012
Missoum Belabbes