C’est le «système D» dans toute sa splendeur ! «Que fait-on ? s’interrogent les maris, on pousse nos femmes à accoucher à domicile.»
Cette importante structure médicale, qui couvre la région de Tiaret et d’autres wilayas, est équipée d’appareils de dernière génération, nous explique le surveillant médical Ben Rabah Mohamed lors de notre passage au bureau d’accueil et orientation. Elle accueille quotidiennement plus de soixante patients. Auparavant, selon le chef de bloc Yacine Hallouz, la consultation occasionnait de lourds frais de déplacement vers les villes lointaines, plus particulièrement les patients âgés. L’équipe médicale est composée du médecin-chef Belghoul Tarek, trois ophtalmologues : Aziz Hallalchi, Ben Yamina Ahmed, Benyakhlef Boumediene, et la doyenne Aboubekra Naila. «En toute honnêteté, nous évitons les grossesses à risques, par manque de moyens» Selon les statistiques avancés par le premier responsable Zerroukhi Khadidja, plus de 60 consultations sont faites quotidiennement et une moyenne de 7 interventions par jour. La structure hospitalière dotée de deux salles d’attente, une vingtaine de bureaux et trois unités, consultation avec un effectif de 12 agents qualifiés, hospitalisation avec un effectif de 12 paramédicaux et bloc opératoire assuré par le maître à bord Hallouz Yacine, deux infirmiers, et deux anesthésistes. On a constaté sur les lieux la remise des échographies, analyses et bilans médicaux par des laborantins à travers les différents services, quant au patient admis, il dispose d’une chambre climatisée dotée d’un téléviseur, un réfrigérateur et a le droit aussi au mobile pour contacter ses proches. Au total, une vingtaine de lits, des salles spacieuses, et une dizaine de femmes de ménage affectées pour le changement de la literie quotidiennement et le nettoyage des lieux avec la mise à leur disposition de tous les produits d’hygiène. Notre passage à la cuisine coïncide avec la distribution des repas dans des compartiments isothermiques. Pour le transfert des cas graves vers les centres hospitaliers universitaires, le parc roulant dispose de deux ambulances, nous dira M. Ben Rabah Mohamed. La journée de mardi est réservée aux élèves des 710 établissements que compte la wilaya de Tiaret. Une équipe assure la permanence durant la nuit. Le bilan d’activités du premier semestre remis au bureau de La Nouvelle république à Tiaret montre que 8 740 consultations d’ophtalmologie, 6 632 consultations d’optométrie pour les les enfants ont été effectuées, alors que le service d’hospitalisation a assuré 1 644 journées avec un taux d’occupation de 42%. Au second volet figurent l’exploitation fonctionnelle avec 483 cas, les urgences avec une moyenne de 12 cas/jour, les activités opératoires avec 607 cas et 22 évacuations. Un service ORL dans un piteux état Le service ORL est, lui, sur cale, a-t-on constaté ; ses locaux sont transformés en maternité, nous dira un cadre de la santé et ce, pour une durée de trois mois afin de rénover la maternité Zohra-Aourai. La rénovation, qui a connu la consommation des dizaines de milliards de centimes est actuellement au point mort, confié à une main d’oeuvre non qualifiée. Le comble, cette maternité a été inaugurée le 1er novembre dernier ! Les occupantes du service squatté sont entassées comme (sans jeu de mots) dans un poulailler, a-t-on constaté lors de notre virée dans les couloirs de l’enfer. La fiche technique gonflée par une somme colossale de 16 milliards de centimes jetés dans la nature, a abouti à des fuites d’eau partout, la chaudière et les équipements endommagés après les essais, l’étanchéité bâclée, ce que confirment les fissures des plafonds, quant à l’ascenseur, il est toujours bloqué au sous-sol. L’intérieur de cette infrastructure rappelle le Titanic lors de son naufrage. La faillite a été soigneusement préparée par une poignée de médecins conventionnés, «tchippa oblige» Cette structure n’est toujours pas opérationnelle près de deux ans après sa fermeture. Les pluies diluviennes qui se sont abattues au cours de cette période ont fait que la maternité en cours de rénovation s’est retrouvée noyée sous les eaux alors que le parking a été transformé en petit lac. Les responsables de la santé avaient agi dans la précipitation en optant pour l’affectation transitoire des différents services de la maternité en souffrance vers le service de l’ORL. Au sein de la maternité provisoire, les sagesfemmes et le collectif paramédical travaillent dans les conditions difficiles et ne cessent de dénoncer, mais leurs revendications, en vain. Les blouses blanches dénoncent les pénibles conditions de travail durant la nuit. Les femmes enceintes continuent à vivre le calvaire, nous dira un responsable. En nous conduisant à travers les couloirs de la honte, il accuse le directeur de la santé et la population comme étant à l’origine de cette situation. Silence, on bricole, on rafistole… Plusieurs dates ont été avancées pour la réouverture de la maternité, mais le temps passe mettant nos patientes en danger : femmes enceintes allongées sir le sol, lit partagé par cinq nouveau-nés, poussière, odeur des égouts, et le bloc qui ne répond pas aux normes, nous dira un partant à la retraite. C’est le «système D» dans toute sa splendeur ! Avant la fameuse inauguration et le départ de l’équipe chinoise, nous venons d’apprendre de sources bien informés, qu’une rencontre s’est tenue entre les deux parties (DSP-gynécologues de la région) mais rien n’a été décidé pour le renouvellement des conventions, selon les dires une praticienne conventionnée faisant cavalier seul. Que fait-on ? s’interrogent les maris, «on pousse nos femmes à accoucher à domicile». Les nuits se suivent et se ressemblent, compresses sales, pansements pourris, vomis et autres détritus jonchent le parterre des trois étages. Un turban, une gandoura en soie et les sandales d’un gladiateur… Il est treize heures en ce jour de grève et les esprits des protestataires sont ailleurs, deux ambulanciers descendent une civière sur laquelle est allongée une jeune femme. Le duo dépose la cargaison humaine : «Je n’ai pas de place, dira la patronne conventionnée, emmenez votre malade au cabinet «flenna»», sans juger du cas évacué en urgence de l’autre bout du monde. Une fois transférée au cabinet privé, tout se met à l’ordre, les négociations vont bon train et la rescapée rejoint la maternité avec une prise en charge totale. Un tarif au pif ! Vous avez le droit à une remise d’un lot de literie neuf et la présence de la veilleuse autorisée. Avant de quitter les lieux, nous constatons que les bouteilles en plastique vides sont récupérées pour le stockage de l’eau, quant aux bacs, ils sont réservés pour d’autres besoins, nous confirme un infirmier. Le service de stomatologie, un exemple à suivre Notre dernière étape nous conduit vers le service de stomatologie, inauguré le 8 mars 2008 à l’occasion de la Journée nationale de la femme et réalisé par une main d’oeuvre chinoise. A sa tête, la doyenne Zerroukhi Khadidja, le service compte 7 généralistes, 2 spécialistes, 4 prothésistes, 5 surveillants médicaux, 4 pharmaciens et un hygiéniste de santé. Durant le premier semestre 2012, plus de 2 400 consultations, 3 093 extractions et 6 210 soins ont été effectués. Une poignée de dinars divise les rangs du conseil de l’Ordre médical Au volet de la chirurgie dentaire spécialisée, selon les statistiques avancées, on avance le chiffre de 485 ODF, 1 269 consultations, 64 extractions et 244 soins. Par ailleurs, les mêmes services ont fabriqué 138 prothèses dentaires, dont 136 partielles et 14 réparées, alors que 995 consultations, 27 extractions, et 429 soins ont été enregistrés lors des gardes. Pour rappel, l’ex-clinique, datant des années cinquante, a été retapée à neuf. Comme prévu, l’ouverture d’un point de garde à Karman où habitent plus de 30 000 personnes. Hamzaoui Benchohra
24 novembre 2012
Hamzaoui Benchohra, NOUVELLE REPUBLIQUE (LA ), SANTE, Tiaret