HUMEUR
A l’exception de la regrettée époque de «l’industrie industrialisante » (*) où le pays avait essayé, et quelque peu réussi à tisser, selon sa propre conception et en puisant dans son propre argent, un tissu industriel conséquent, l’ n’a jamais donné l’impression d’avoir eu une vision économique claire, réaliste et rentable pour fouetter son secteur de production économique lourd. Cela ressort avec plus d’évidence depuis la mise en place de cette satanée économie de marché qui a tout faussé. Les choses de l’industrie sont devenues encore plus complexes pour le pays qui ne fait plus que tourner autour de lui-même, à la recherche vaine de sa queue. La plupart des ministres de l’industrie qui se sont succédé à ce poste n’ont été d’aucun secours, parce qu’ils n’ont pas réussi à donner au pays une dimension industrielle, et encore moins à se débarrasser des coûteuses importations. Tout au plus, ont-ils réussi à nous donner du pays une factice image «industrieuse». Des fameux investissements directs, ou IDE, à la non moins fameuse «nouvelle stratégie industrielle», ou NSI, de Temmar, aucun projet économique n’a finalement abouti, parce que jamais suffisamment mené sinon à terme, du moins à mûrissement. Pour ce qui est des IDE, par exemple, qui s’adressent principalement aux promoteurs étrangers, on n’a pas encore vu un réel projet de production structurant né de nos différentes tentatives d’intéresser ces investisseurs. Tout ce qu’il y a eu, c’est que des affairistes qui se targuaient, pompeusement, d’être des «opérateurs économiques », ont saisi cette inestimable opportunité pour venir dans notre pays faire des emprunts auprès de nos banques, louer des locaux appartenant à la nomenklatura locale avant de se mettre à déverser dans le marché n des produits finis, fabriqués extra-muros. Cela a donné, entre autres, des salons de beauté, des magasins de cosmétiques et de prêt-à-porter, des superettes, quelques succursales de banques ou de marques de voitures… bref, à défaut de produire sur place, ils nous ont vendu des services et des concessions de produits prêts à la consommation. Ni usines, ni produits «made in Algéria», ni encore moins de transfert de technologie ou de reproduction de moyens de production…En contrepartie, ces étrangers qui ont «investi dans les salons fashion» en ont, non seulement utilisé l’argent des contribuables pour réaliser leurs IDE, ou « leurs projets économiques» mais, également, procédé à des transferts faramineux de devises vers leurs pays d’origine. Finalement, quand pour eux, c’est du gagnant-gagnant, si cher à Sarkozy, pour nous, c’est du perdant perdant, habituel dans nos murs. Pour ne pas déroger à la règle d’or nne, évidemment ! Il n’y a plus que MC Donald qui, inexplicablement, n’a pas encore réussi à avoir sa chance avec les bergers de cette vache à lait, si mal gardée. Quant aux «opérateurs économiques » locaux, ils en sont encore au stade du fast-food et de la pizzeria…Pour la petite histoire et en revenant à la période bénie de «l’industrie industrialisante», le même complexe de fonderie métallique réalisé par les Allemands, et selon la méthode «clés-enmains » en Irak, a été réalisé en , précisément à Tiaret. Celui de Baghdad est toujours en activité et fournit, en plus des produits habituels de métallurgie, des chars et des engins blindés pour l’armée irakienne, celui de Tiaret a produit des couvercles d’égout et des lampadaires avant d’être «restructuré» par Ouyahia et livré aux chardons et à la chienlit. Ce qui explique, quelque peu, pourquoi on patine si bien dans le domaine ardu de l’investissement industriel. R.H. (*) Les complexes d’El Hadjar et de Rouiba, la majorité des cimenteries du pays, le complexe de tracteurs de Constantine…bref, toutes les grosses entreprises de production qui ont échappé à la restructuration et qui activent encore, datent de cette époque dorée. Depuis 1988, l’ n’a plus rien entrepris pour s’industrialiser réellement…
30 novembre 2012
Courrier d'Algérie, Tiaret