A l’orée de ce troisième millénaire, l’Algérie aura inspiré toute une pléiade d’analystes de divers horizons, mais aussi des centres financiers et des lobbies, soucieux de la fructification de leurs intérêts.
Que de mobilisations pour un seul pays ! Il est vrai, que la géographie nous a quelque peu gâté et que la position géostratégique dont jouit notre pays, ne peut laisser indifférent ! C’est là, une reconnaissance implicite du poids spécifique de cette Algérie, qui attise bien des convoitises ! Au-delà de cet intérêt motivé, il est à croire que les scénarii élaborés par les centres d’intelligence d’outre-mer, prêchent tous par défaut, dans la mesure où les prismes déformants de ces «stratèges», qui pensent détenir la vérité absolue, autrement dit la leur, nous perçoivent tantôt comme un département d’outre-mer, qui contrarie et chagrine la nostalgie coloniale, ou comme marché potentiel à reconquérir ! Cela nous blesse profondément, que nous soyons réduits au simple statut d’ancienne colonie, où à défaut, à la fonction exclusive de consommateurs ! Ces visions réductrices, sont la négation même, du rôle qu’à joué notre pays depuis la nuit des temps, et au cours de l’histoire récente, dans le mouvement de décolonisation des peuples opprimés, que d’aucuns ne lui ont jamais pardonné. L’Algérie de l’Emir Abdelkader et de bien d’autres illustres personnages, n’est certainement pas, cette «réserve protégée» reliée par un cordon ombilical, à son espace nourricier d’outre-mer ! Elle est tout au contraire, ce pays continent, qui tire sa personnalité de ses diversités plurielles, forgées au gré d’une longue sédimentation et d’un brassage des cultures amazighe, arabe, musulmane, africaine et méditerranéenne. C’est au carrefour de ces dimensions, qu’apparaît la spécificité algérienne dans toute sa complexité et toute la splendeur de son identité. Il est vrai, que dans ce cas, l’analyse n’est pas chose aisée ! Mais cela nous irrite, qu’on soit étudiés par rapport à chacune de nos appartenances, mais jamais, dans l’interdépendance de ces multiples dimensions, comme pour chercher à nous diviser ! Ce regard extérieur, s’apparente à celui qu’on porte à l’examen de la membrane plasmique, quand on veut étudier une cellule animale ou végétale, élément constitutif de tout être vivant, en faisant abstraction du rôle majeur que peuvent jouer tout à la fois, le noyau, le cytoplasme, les mitochondries ou les ribosomes ! Cette manière de procéder de façon séparée, n’aurait certainement pas fait avancer la connaissance scientifique et permis à la biologie et à la médecine, d’enregistrer bien des progrès !
De même, le regard extérieur, pas toujours innocent, qui s’inscrit dans des visions fortement réductrices, ne peut être, qu’une déformation de la réalité d’un pays et d’une Nation, qui se distinguent par des attributs et des attitudes spécifiques, élargissant ainsi, le spectre du domaine de l’analyse aléatoire ! C’est en cela, que l’Algérie gêne et dérange ! Elle contrarie les visées et calculs parce qu’imprévisible, rebelle et matériau complexe d’études ! Cette Algérie là, s’analyse de façon intrinsèque et sans arrière pensée, par des regards qui savent la scruter dans la profondeur de ses entrailles, à la manière d’une échographie ! N’est ce pas, que ces experts français, pour la plupart stratèges par occasion, nous ont insulté, à défaut de nous comprendre, en traitant nos braves soldats de brutes, pour avoir étaient à l’école russe ! A défaut de nous remercier, ne serait ce que des bouts des lèvres, je vous rappelle, Messieurs les spécialistes, que ces brutes comme vous dites, ont libéré au risque de leurs vies, vos compatriotes et bien d’autres, qui ont pu rejoindre sains et saufs leurs familles ! Il est vrai, que ce n’est certainement pas de votre faute, si vous pensez ainsi ! Oui, c’est à nous d’expliquer et de donner une lisibilité de notre image, qui puisse éviter que nous soyons, encore une fois insultés ! De la sorte, nous serions alors, mieux respecter à l’avenir !
C’était en effet, le caractère laborieux, studieux et déterminé, de cette Algérie des années 70, qui savait porter avec la force de l’argumentaire, son message de pays libre, indépendant et souverain, qui lui a prévalu respect et considération, dans le concert des Nations ! Notre pays était même perçu comme «locomotive» de bien des espoirs et comme élément moteur et partenaire incontournable, en Afrique et dans le tiers monde, lorsqu’on savait conjuguer nos intérêts au général, et non comme aujourd’hui, au particulier ! Que de regrets de cette belle époque, ou les Algériens étaient traités avec respect et considération, à l’extérieur de leur pays ! C’est au cours de la décennie 90, que le pacte de cette Algérie fraternelle et conviviale à souhait, fut rompu, dès lors que la conspiration interne a pris forme ! L’édifice républicain si patiemment construit, a commencé à s’effriter sous les coups de boutoir des islamistes et autres intégristes, peu soucieux des intérêts de leur pays ! Les liens entre les différentes strates de la société se sont alors distendus, la cohésion sociale s’est effilochée, la moralité a perdu de son essence, l’individualisme a pris le dessus, la rapine et la corruption se sont institutionnalisées, le savoir s’est émoussé, les valeurs productives se sont estompées et l’informel a envahi tout l’espace de la sphère économique, dé-monopolisée ! Quel gâchis ! Le peuple ébahi assista impuissant et médusé, tel un figurant à cette déroute, qui a porté atteinte à sa dignité et a fini par s’enfermer sur lui-même, comme par désespoir, par honte ou par dépit ! Et pourtant, si l’Etat n’a pas totalement chaviré, c’est que quelque part, des «ressorts» ont bien fonctionné, chez ces inconditionnels de l’Algérie éternelle, qui cultivent le sens de l’honneur, de la dignité, du respect de la chose publique, du patrimoine et des richesses de la collectivité nationale !
Oui, c’est cet état d’esprit, d’abnégation et d’engagement, qui a aussi prévalu ce jour là, à In-Aménas, où ces enfants de la République, soldats, agents de sécurité et de la protection civile, ces braves, fils du peuple, tels que nous les aimons dans leur modeste condition et leur simplicité, ont restauré la dignité et l’honneur de cette Algérie, qui quoique l’on dise, s’en sort plutôt bien, de cette épreuve difficile. La célérité d’intervention de nos forces spéciales, l’a été nous l’attend dit, grâce au courage de cet agent de sécurité originaire de Tiaret, qui a actionné le signal d’alarme, retardant ainsi, l’intrusion des sanguinaires, non sans l’avoir payé de sa vie ! Gloire à toi, Lahmar Amine, martyr du devoir, toi le digne fils de cette Algérie profonde, de ce terroir du Sersou, terre féconde et nourricière, qui a sauvé non seulement tes collègues, mais aussi, pour avoir permis d’éviter le pire, à savoir l’explosion généralisée, à l’échelle de tout le site gazier, qui sans la grâce de Dieu, aurait réduit à néant, toute l’agglomération d’In-Aménas ! Tu l’auras mérité, cette reconnaissance de tout un peuple, qui saura se souvenir de toi ! Que Dieu tout puissant t’accueille dans son vaste paradis et fasse, que les tiens et tous ceux qui t’ont connu, puissent se consoler de ta disparition ! Le premier enseignement qu’on doit tirer de ce qui nous arrive, est que la dépense publique, aussi importante soit-elle, n’est pas suffisante par elle-même, pour impliquer toute la société, qui en bénéficie sans exclusive, par rapport aux dangers qui nous guettent et en tout premier lieu, au niveau de nos régions du Grand Sud ! Cette embellie financière est à saisir, non seulement pour mettre à niveau nos diverses régions, pour répondre à la demande sociale, mais aussi et surtout, pour engager une profonde mutation de notre société, afin de gagner sa confiance et s’assurer de son implication effective, dans la sauvegarde de notre intégrité territoriale et de nos intérêts, en tant que Nation solidaire ! Il faut pour cela, nous défaire de toutes les attitudes néfastes, que nous trainons comme des stigmates et qui porte atteinte à notre identité nationale. Ceci d’autant plus, que notre pays continent n’a ni le droit, ni la latitude d’évoluer en marge des pays prospères, qui ont su conjuguer leurs efforts et faire du travail, la vraie et unique source de leurs richesses. Il a en cela, des atouts multiples, qui le prédestinent à jouer un rôle majeur, tout au moins, aux échelons Maghrébin et Africain, pour peu que cet idéal, soit partagé par tous les éléments de notre société, dans un même élan de solidarité. Cet objectif d’un Etat attentif à la question de l’égalité des chances en tout lieu de notre vaste territoire, sous tend plus de justice et d’équité, dans la perspective d’une meilleure cohésion sociale et d’une préservation de l’unité nationale, indépendamment de toutes les mesures prises par ailleurs, pour la sécurisation de nos frontières ! Il faudra tout d’abord, bannir cette injustice, qu’est le traitement différencié des citoyens, afin d’assurer le pacte social si nécessaire à la dynamique de notre développement et à sa durabilité ! Il n’y a guère de place à la stratification sociale, dans la mesure où les citoyens sont tous égaux en droits et en obligations !
C’est dans ces principes d’un Etat de droit, que notre société retrouvera ses marques et ses repères et qu’elle saura apporter les réponses idoines à ceux, qui la menacent dans son existence ! La restitution de l’échelle des valeurs et la reconnaissance du mérite, est aussi un autre impératif, d’une Nation, qui se doit d’inscrire sa dynamique interne, dans la voie du progrès et de la prospérité partagée ! De même, qu’au chapitre de la moralité de la vie publique, l’exemplarité prend la signification du respect de la chose publique et de la misère d’autrui ! Comme il convient également, de considérer le regard magnanime en direction des humbles, comme étant le premier pas à faire par ceux d’en haut, vers ceux d’en bas, qui savent parfaitement faire la différence, entre le geste qui touche et l’indifférence qui blesse l’âme des petites gens dans leur sensibilité ! De même, que L’arrogance dans l’étalement des richesses, souvent mal acquises, et l’utilisation abusive des biens de l’Etat, sont aussi, autant de formes de méprise qui distendent les liens et menacent durablement la cohésion sociale, à un moment ou notre pays à besoin de mobiliser et de cristalliser toutes ses forces ! Oui ! Nous nous sommes mis en danger, de par le fait, que l’attitude trabendiste qui s’est généralisée à tous les segments de la société, a pris le dessus sur notre outil de production, hors énergie, et sur nos centres du savoir, qui sont devenus par la force des choses, des lieux d’accueil sans grande motivation, ni attractivité pour nos jeunes, qui se contentent d’acquérir des diplômes, sans certitude, que cela leur soit un jour, d’une grande utilité ! C’est à ce niveau, qui porte atteinte au morale de toute une Nation et tout particulièrement à sa jeunesse, qu’il y a péril en la demeure et que l’Etat ce doit d’agir au plus vite, pour remettre les pendules à l’heure ! De toute évidence, les performances du monde d’aujourd’hui nous imposent une mise à niveau de nos centres de savoir, la création de centres d’excellence, de pôles de compétitivité et de pépinières d’entreprises à la pointe du progrès, ainsi que la nécessité de la formation des jeunes dans différents corps de métiers. Cela pose avec pertinence, la question de notre ouverture à la coopération et au partenariale dans tous les domaines, comme ce fût le cas durant les années 70, ces années de gloire, où notre pays était à la pointe du progrès, parce que les diplômes de son université et de ses grandes écoles, étaient reconnus à l’échelle internationale ! Cette ouverture au monde extérieur, est d’autant plus salutaire, qu’elle restaure l’image de notre pays et souligne sa détermination, à inscrire sa marche dans l’évolution de son siècle. Mais il est bien évident, que cela ne saurait se réaliser, sans la pratique de la bonne gouvernance, dont on ne pourrait faire l’économie, eu égard aux attentes citoyennes en matière de lisibilité des actions des pouvoirs publics et d’inscription de la dynamique de notre développement, dans des cheminements transparents ! C’est à cela que tient le challenge et c’est de cette manière, qu’on sera en mesure d’envoyer des signaux forts à nos partenaires et que nous pourrions nous prémunir, de toutes ces ondes négatives, qui nous entourent et perturbent notre sérénité ! Et que vive l’Algérie !
28 janvier 2013
MAHDIA, PERSONNALITES