Démarche - Pour parfaire notre histoire, il faudrait penser à ramener les restes des héros qui ont été de véritables monuments dans la lutte contre l’occupant, qu’il soit français ou qu’il soit romain.
Il n’est pas question dans ce dossier de créer ou de soulever la polémique concernant l’enterrement de Warda El-Djazaïria au carré des martyrs, quoique la question ait été posée.
Certes, elle a fait vibrer des millions d’Arabes par sa voix et son indéniable talent, elle a été l’ambassadrice de son pays en matière culturelle et a fait sans doute aimer l’Algérie avant même que l’on connaisse l’Algérie. Son pays lui doit beaucoup. Le problème aujourd’hui n’est pas tant de nier ou de confirmer la place de cette icône au carré des martyrs, mais d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’absence de nombreux martyrs de ce carré.
Bien sûr, il n’est pas question de les inhumer tous dans ce panthéon mais au moins ceux dont le nom, le souvenir, la mémoire et le combat resteront à jamais gravés dans l’histoire.
Sur ce plan, il faut le reconnaître Ben Bella a eu ce mérite : ramener les cendres de l’Emir Abdelkader de Damas où il reposait. Faudrait-il s’arrêter à ce seul symbole ? Evidemment non. Pour parfaire notre histoire, en plus de la réécrire sur des bases saines dépouillées de toute arrière-pensée politique, il faudrait penser à ramener les restes des héros qui ont été de véritables monuments dans la lutte contre l’occupant, qu’il soit français ou qu’il soit romain. Parmi eux, Jugurtha le plus ancien résistant de ce pays. Il a été fait prisonnier par les légions romaines emprisonné et étranglé.
Selon des historiens dignes de foi, son cadavre aurait été enterré dans l’enceinte du Colisée. Quelques-uns assurent connaître l’emplacement exact de ses restes grâce à des indications fournies par de vieux manuscrits. Le retour de ses cendres est d’autant plus urgent que des travaux de confortement du Colisée vont commencer incessamment et risquent de faire perdre à jamais la dernière trace de ce héros.
Il est clair qu’une telle opération, Jugurtha au carré des martyrs, serait un grand moment dans ce pays, un moment très fort qui réconcilierait tous les Algériens entre eux, quel que soit le clivage politique qui les sépare aujourd’hui. La même opération pourrait s’étendre aux restes de Cheikh Bouamama. Après s’être battu avec ses hommes venus de Tiaret et d’El-Bayadh et unifié toutes les tribus du Sud, Bouamama défait par les Français et recherché, se réfugiera au Maroc. Il est mort en 1908 dans l’anonymat. Ses restes reposent aujourd’hui dans un cimetière pas loin d’Oujda.
Firmament
A ceux qui n’ont pas apprécié l’enterrement de Warda El-Djazaïria au carré des martyrs et qui ne se sont pas empêchés de l’écrire, nous leur demandons de se reporter à ce qui se fait ailleurs, à l’étranger sous d’autres climats. Au Panthéon de Paris par exemple. Sous ses voûtes célèbres Victor Hugo repose près de Jean Moulin. L’un était un inégalable poète et l’autre un résistant. Et tous les deux ont porté les couleurs de la France au firmament des peuples.
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10 mars 2013
HISTOIRE