05 mar, 2013
Vialar était le nom que lui donnait le colonialisme français et ce, jusqu’au lendemain de l’indépendance quand elle avait repris son appellation initiale, avant de s’octroyer le statut de wilaya à l’issue du découpage administratif de 1984. Dès lors, son territoire s’étend aux zones montagneuses de Theniet-El-Hed et Bordj-Bounaâma, détachées de la wilaya de Chlef, mais dépossédée du riche plateau céréalier du Sersou, voire les communes de Mahdia et Hammadia qui dépendent toujours de la wilaya de Tiaret. Au regard de son histoire ancienne, Tissemsilt a été, selon certains chercheurs, sillonnée par des Romains qui ont marqué leur passage notamment à Khemisti (ex-Bourbaki) et Ouled Bessam. Sous le contrôle de Abou El Mouhadjir Dinar, les chefs militaires musulmans l’avaient conquise en l’an 655 et 700 alors qu’elle fut régentée par diverses dynasties Berbères, à savoir les Rostémides, les Idrissides, les Mérinides, les Almoravides, les Almohades et les Zianides. Les Turcs, quant à eux, débarquèrent dans la région en l’An 1515 quand, après avoir chassé les Espagnols qui y restèrent quinze bonnes années, occupèrent les lieux jusqu’à l’arrivée des Français. Cependant, la célébrité de Tissemsilt est caractérisée par les montagnes de Meddad et l’Ouarsenis, riches en végétation, notamment le cèdre qui y prédomine. Le perc national de cèdres de Theniet El Hed, le parc régional de Ain Antar, à Boukaid, et la station thermale de Sidi-Slimane confirment toute la beauté et la grandeur naturelle qui marquent la région de Tissemsilt. Considéré comme une «oasis» de paix, le Parc national des cèdres de Meddad, dans la commune de Theniet El Hed, fascine par son relief captivant où de nombreux touristes, nationaux et étrangers, trouvent leur calme le temps d’une détente en plein cœur de la verdure. Outre les touristes, ce site accueille aussi la famille estudiantine de diverses universités du pays, lesquels viennent joindre l’utile à l’agréable en opérant par des recherches pour les besoins de leurs études sur la biodiversité végétale et animale d’un tel écosystème. Nonobstant, les sportifs y trouvent aussi leur loisir tant un parcours aménagé est mis à leur disposition. Classé parc national protégé depuis l’année 1983, ce patrimoine floristique et faunistique s’étend sur une superficie de 3 425 hectares et comporte plusieurs espèces végétales telles que comme le cèdre de l’Atlas, le chêne vert, le chêne zéen et le chêne-liège. Pour ce qui est de la faune, diverses espèces animales y ont été répertoriées, dont des mammifères, des reptiles, des insectes et des oiseaux. Pour revenir à son passé récent, autant rappeler que la wilaya de Tissemsilt avait, à l’instar de bien d’autres régions du pays, longuement souffert des affres du terrorisme. Depuis l’année 1992, et durant presque une décennie, les populations rurales ont été contraintes à l’exode vers les villes, notamment Tissemsilt, Tiaret, Khemis Miliana, Aïn Defla… où elles devaient s’entasser et vivre dans une bidonvilisation et un chômage criards. Ces dernières avaient laissé derrière elles leur bétail, leurs maisons et leurs parcelles, riches en vignes et figuiers, qui ont subi des ravages sans nom. « Je vivais aisément de la récolte de mes vergers, voire des raisins et des figues, et de mon rucher avant l’arrivée des démons barbus qui ne nous ont rien laissés », nous affirmera ce septuagénaire originaire de Lekouacem, dans la commune de Lardjem, qui nous révélera avoir vécu dans la misère à Tissemsilt. « Dieu merci, je reprends aujourd’hui vie dans mon douar natal où je consacre tout mon temps à récupérer ce que je pourrais régénérer pour permettre à mes petits fils de vivre dans la paix et la prospérité », enchaînera t-il. Il est vrai que ce douar avait subi, en même temps que celui de Remka, à l’autre versant du côté de Relizane, une tuerie inexpliquée où des dizaines de victimes ont été déplorées. C’était en 1995 quand, après les dégâts causés sur de grandes superficies de vigne, les dépassements en tous genres et les rackets, vinrent les massacres collectifs. Pour fuir cet enfer, les paysans ont entassé balluchons et enfants sur des charrettes de fortune et quittèrent leurs menues cabanes pour s’installer dans des contrées autrement plus protégées. L’appel de l’errance était leur seul et unique salut. Cette population, qui s’est retrouvée dépossédée du jour au lendemain de ses biens, n’avait qu’un seul souhait : la survie. Et tant pis pour le peu de confort que leur procuraient leur cheptel et leur terre. Cependant, si ce douar a ainsi vécu cette époque, il ne doit sa spécificité qu’à cette tuerie collective qui restera à jamais gravée dans les esprits. Autrement dit, d’autres localités telles que Sidi Lantri, Tadjdit Tagrara, Sidi Kacem, El Gouatria…C’est dire que nul, à Tissemsilt, n’a été épargné par la folie sanguinaire des terroristes. D’ailleurs, la date du 11 janvier 1994 ne sera pas oubliée de si tôt tant par les citoyens que par les responsables locaux. Une journée fatidique caractérisée l’assassinat de feu Mohamed Bellal alors wali de Tissemsilt. Le drame avait eu lieu entre les communes de Youssoufia, relevant de la wilaya de Ain-Defla, et Theniet El Had, au détour d’un virage donnant sur un précipice, quand le cortège officiel tomba dans une embuscade. Prise en tenailles, la délégation a été annihilée par une submersion de balles. Une vingtaine de personnes ont été assassinées, dont le wali de Tissemsilt, le défunt Mohamed Bellal. Sur ce lieu dénommé Oued El Gharga, la stèle érigée à la mémoire des victimes, nous rappelle la tragédie.
Cet attentat particulièrement meurtrier inaugurera une série macabre de tueries. Aujourd’hui, après ces moments pour le moins douloureux, la situation est revenue à l’accalmie tant la région devient sécurisée. Pour leur part, les pouvoirs publics, il faut le reconnaître, ont misé sur des moyens colossaux pour rétablir les campagnards dans leur milieu rural. Avec un montage financier conséquent, l’Etat a initié des opérations de relogement des citoyens par le biais de l’habitat rural.
Dans ce sillage, les autorités locales ont tablé sur une feuille de route basée sur trois vecteurs fondamentaux, à savoir la sécurité, l’emploi et les équipements de base et ce, afin de convaincre les populations rurales à réintégrer leurs lieux d’origine. Ainsi, comme le dit le dicton, après la pluie vient le beau temps pour cette région qui attend des lendemains encore meilleurs…
M. Zouaoui
10 mars 2013
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