Satisfaction :
Sa grande palme c’était de former des cadres solides qui occupent aujourd’hui des postes de responsabilité dans ce pays, entre autres un Premier ministre et quelques ministres.
Il est né à Ami Moussa dans l’Ouarsenis, une région sauvage et enclavée.
Nous sommes en 1900, au début du XXe siècle et le jeune Benaïssa Abdelkader aura la chance d’entrer à l’école d’indigène grâce à sa mère, une aide-soignante dans un dispensaire communal.
Sérieux et appliqué, Benaïssa fera toutes ses classes avec une note toujours supérieure à la moyenne.
Il passera le concours d’entrée en sixième à Orléansville les deux doigts dans le nez comme on dit.
Au lycée de cette grande ville où il était interne, il réussira à obtenir son brevet, puis sa première partie du baccalauréat puis sa seconde partie en classe terminale malgré les filtres
académiques d’une administration qui ne faisait aucun cadeau aux Arabes.
N’ayant pas les moyens de continuer ses études universitaires, il sera orienté vers l’Ecole normale des instituteurs.
En 1922, il deviendra l’un des rares enseignants indigènes à pouvoir exercer un métier destiné aux Européens et seulement aux Européens.
Pour le «punir», les autorités coloniales le mutèrent au Mali.
Il y resta quatre ans, privé de tout, de sa famille, de son pays et de la civilisation.
N’ayant rien à lui reprocher sur son comportement, le contenu de ses cours et sa capacité pédagogique exceptionnelle malgré les différentes inspections sur place, on le ramènera en Algérie mais pour une nouvelle destination : Le sud.
Il y enseignera pendant quatre longues années à El-Bayadh qui, à cette époque, n’était qu’un hameau et ne comptait que deux ou trois mille habitants.
Pendant ce temps, les jeunes instituteurs français, particulièrement pieds-noirs étaient mutés pour leurs premiers postes dans les villes du littoral et parfois même dans des écoles de la côte… un pied dans l’eau. En 1940, Benaïssa sera appelé à diriger une école indigène dans les Hauts-Plateaux du Sersou au sud de Tiaret, étroitement surveillée par la police.Malgré ses états de service, il ne gravira jamais l’échelle supérieure : inspecteur primaire.
En 1949, l’académie de Tiaret lui décernera enfin les palmes académiques… après une enquête de police et l’avis du maire.
Mais sa grande palme c’était de former des cadres solides qui occupent aujourd’hui des postes de responsabilité dans ce pays, entre autres un Premier ministre et quelques ministres.
Abdenour Fayçal
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10 mars 2013
Benaïssa Abdelkader