Disparition - Le fils dont l’histoire n’a jamais retenue le prénom habitera une pièce dans un haouch collectif. Il n’était pas marié, n’avait pas d’enfant et on ne savait même pas avec quelles ressources il vivait. Et puis un jour, on ne le vit plus.
Benchaâchou.
Le nom de cette vieille famille a probablement disparu à jamais.
En tout cas, il n’a pas été prononcé depuis au moins 50 ans.
Le premier des Benchachou est originaire des hauts plateaux du sud oranais et dirigeait une puissante tribu qui prendra part courageusement à la révolte de cheïkh Bouamama.
Au début du vingtième siècle, en 1920, un Benchachou, réapparut dans le département de Tiaret en qualité de chaouch attaché aux services de la mairie.
Il terminera sa carrière dans un village très proche, à Trezel où il prendra sa retraite et s’éteindra quelques années plus tard.
Son fils dont l’histoire n’a jamais retenue le prénom habitera une pièce dans un haouch collectif. Il n’était pas marié, n’avait pas d’enfant et on ne savait même pas avec quelles ressources il vivait. Une chose était sûre, il rejoignait sagement sa case tous les soirs à la même heure, à 20h.
Et puis un jour, on ne le vit plus. On frappa à sa porte en pensant qu’il était peut être malade, mais personne ne répondait. Les voisins qui ne voulaient pas alarmer les autorités pour rien attendirent deux jours avant de déclarer sa disparition.Les pompiers et les gendarmes arrivèrent dans l’après-midi, frappèrent à la porte et n’obtenant aucune réponse la défoncèrent carrément.
Le spectacle qu’ils découvrirent en même temps que les locataires du haouch était affreux.
Benchachou pendait à une corde et son cadavre avait l’air d’une maronnette désarticulée qu’on retenait par une ficelle.
Benchachou fut enterré et sa pièce sera condamnée par le propriétaire pendant 10 ans.Tous les bruits ont couru sur le défunt et sa mort suspecte. Des habitants ont même dit avoir entendu le soir des cris d’épouvante venir de cette pièce.
C’est une espagnole, une refugiée républicaine qui fuyait le régime de Franco qui cassera cette malédiction et occupera la pièce.
Six mois plus tard, les gendarmes alertés par les voisins à cause de l’odeur persistante qui venait de la maison découvriront l’espagnole étendue raide morte dans son lit.
Ils conclueront à une asphyxie due à un mauvais fonctionnement du poêle. On prétend qu’un troisième locataire fut poussé en pleine nuit hors de la maison par une force obscure qu’il ne pouvait pas identifier.
Abdenour Fayça
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10 mars 2013
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