Impact - Il était prévu qu’il le rencontre pendant quelques minutes, entre deux portes, mais la discussion entre les deux hommes durera près de deux heures.
Comme tous les pieds-noirs, Jacques Berque est né en Algérie, à Frenda exactement.
Cette petite commune près de Tiaret, aujourd’hui daïra, n’a rien d’exceptionnel.
C’est une région pastorale et montagneuse et dépourvue de toute industrie.
Elle a pourtant quelque chose d’unique dans notre pays, elle est un peu comme Boussaâda qui abrite aujourd’hui la tombe de Okba Ibn Nafaâ, elle a abrité pendant près de deux ans le plus grand géographe de la planète, Ibn Khaldoun qui a écrit dans ce site désolé une bonne partie de son œuvre.
C’est ici, dans ce bout de nulle part, que Jacques Berque décidera d’être orientaliste.
Et il le sera au point d’être considéré comme l’un des plus éminents de l’Hexagone.
L’homme en effet maîtrise parfaitement la langue arabe et ses références en matière d’exégèse, d’histoire et de littérature arabe sont immenses.
Dans les années 50, Paris l’enverra au Caire dans le cadre d’une mission culturelle, les uns disent diplomatique et beaucoup pensent qu’elle était plutôt politique.
Peu importent les contours de sa mission mais ce qui était sûr c’est que Jacques Berque rencontrera Ben Bella dans la capitale égyptienne.
Voulait-il approcher la Révolution algérienne et par la même occasion les ténors qui la soutenaient ?
Nous n’en savons rien.
Ce qui est parfaitement établi en revanche et que Ben Bella confirme, c’est que Jacques Berque voulait à tout prix rencontrer le colonel Nasser.
Nasser refusera de recevoir ce Français d’Algérie dont il ignorait tout.
Ben Bella insistera longuement et le Raïs finira par céder.
Il était prévu qu’il le rencontre pendant quelques minutes, entre deux portes, mais la discussion entre les deux hommes durera près de deux heures.
Nasser, selon le défunt Ben Bella, a été littéralement ébloui par la maîtrise qu’avait Berque de la langue arabe, ses connaissances impressionnantes du monde musulman et du monde arabe.
Subjugué par tant de talent, Nasser parlera de lui pendant longtemps.
Mieux encore, il le recevra une deuxième fois dans son bureau.
Abdenour Fayçal
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10 mars 2013
FRENDA, HISTOIRE, Jacques Berque