20 mar, 2013
Situé à quelques bornes au nord de la commune de Tousnina, dans la wilaya de Tiaret, le douar Oued-Mina souffre perpétuellement de l’absence d’un cadre de vie décent. La réalité ne peut, en effet, être escamotée quand on remarque que la population, regroupée autour de 71 familles, ne cesse de boire le calice jusqu’à la lie.
Le mauvais état de la route se veut une préoccupation majeure pour ces habitants qui ne demandent qu’à être réhabilités dans leur citoyenneté. « Nous sommes issus de parents paysans et nous vivons du travail de la terre. Si nous nous adressons aujourd’hui aux autorités locales, ce n’est ni pour demander un crédit ni un autre avantage des dispositifs de l’emploi au autres, nous les sollicitons seulement pour aménager cette route pour nous permettre de bouger et commercialiser le produit de notre agriculture », nous dira Bachir, lors de notre virée. Ce dernier nous fera savoir que ce douar renferme, outre des maraîchers, plusieurs producteurs laitiers qui arrivent difficilement à acheminer leurs produits en ville. Ce jeune homme, entouré de ses pairs, nous a accosté devant la minuscule école dont dispose ce hameau qui semble versé dans l’anonymat. En effet, cette école, baptisée au nom du chahid Kalakhi Moulferaâ et construite en 1993, comporte trois classes pour cinq paliers. « Le directeur de cet établissement, qui habite Sougueur, fait quotidiennement quatorze kilomètres à pied et le logement de fonction qu’il devait occuper est converti en classe, ainsi que le local conçu pour l’administration », s’est lamenté un autre citoyen. Les sanitaires sont bricolés avec des parpaings et couverts, en guise de toiture, de toles qui deviennent un danger durant les vents forts. Quant à l’entretien, il est assuré par le gardien qui est employé dans le cadre du filet social. Devant l’inexistence d’une cantine scolaire, les élèves sont contraints de ramener la galette de la veille dans leurs cartables sachant que l’environnement ne leur permet pas d’aller déjeuner chez eux.
« Quels efforts ces élèves seront-ils encore capables de fournir en classe, quand ils sont souvent soumis à des conditions extrêmes de fatigue, de tension ? », s’interroge ce vieux qui n’a pas omis de parler de ces lycéennes qui suivent le régime de l’internat à Sougueur. Ces dernières sont soumises, chaque dimanche et jeudi, à une corvée de plus, quand on sait qu’elles sont condamnées à parcourir sept (7) km à pied sur des sentiers escarpés et boueux en hiver pour rejoindre le lycée ou pour rentrer chez elles le week-end. Par manque de transport, elles sont obligées de se réveiller à l’aube pour rejoindre Tousnina et prendre le bus vers Sougueur.
Durant la saison hivernale, les citoyens de ce douar sont gagnés par une angoisse quotidienne tant ils sont guettés par divers aléas auxquels ils leur est souvent difficile de faire face comme l’approvisionnement en gaz butane, l’acheminement des malades vers les structures de santé….Par ailleurs, les nombreux citoyens rencontrés se sont lamentés sur d’autres carences, mais celle de la route est la plus évoquée. Néanmoins, certains de nos interlocuteurs nous ont affirmé que plusieurs correspondances ont été adressées aux autorités locales qui n’ont jamais daigné apporter une quelconque amélioration à leurs doléances pourtant légitimes.
M. Zouaoui
25 mars 2013
Courrier d'Algérie, Mohamed Zaoui, Sougueur, Tousnina