22 mars, 2013
Immensément négligée et confinée au énième rang avant qu’elle ne soit mise en veilleuse, la culture trouvera-t-elle un jour un terrain d’épanouissement qui la sortira des tiroirs du mutisme et de l’agnosticisme ? Pourtant ! Si haillonneuse soit-elle, si bâillonnée par le machisme ambiant, c’est d’elle que la jeunesse peut logiquement espérer le salut… A Tiaret, pour y parler, il faudrait d’emblée présager que l’ataraxie prenne indéniablement le pas sur la passion. Autrement dit, doit-on imputer un tél manque à une simple erreur d’inconscience ou à un risque prémédité des « décideurs » au détriment d’une catégorie théoriquement impliquée dans ce volet que l’on peut considérer, à juste titre, comme la poutre maîtresse quant à la vivacité de cette région qui faisait jadis parler d’elle à travers les quatre coins du pays ?
Cette réelle dichotomie cache cependant un débat combien amer et injuste, une vie susceptible de travailler le patrimoine culturel, ancien ou récent, et une vision qui ne fait que travestir la culture en la figeant dans des modèles extrêmement anonymes. Néanmoins, si nous venons à fureter le mémento culturel de cette wilaya, l’une des premières capitales maghrébines, nous découvrirons un tableau peint d’une mansuétude amusante dont l’image fera frémir le plus commun des mortels et l’exalter pour jamais. Nous y trouverons le génie d’une longue succession d’artistes de renom à l’image des chanteurs Hamid Baroudi, Chaba Habiba, Chaba Sihem ou les trios EL Hidhab et Hasna ainsi que la triomphale troupe El Amal qui a fait des émules dans les chants andalous. Évoquant ainsi ce répertoire, nul ne pourrait nier les illustrations des artistes-peintres Mohamed Oudhai et Abdelhamid Sahraoui, dont les œuvres ont drainé des échos au delà même des frontières, de la recherche historique de l’ex-journaliste Amar Belkhodja et les recherches linguistiques des professeurs universitaires Amara Mahmoudiet Benramdane Farid. Toutefois, à cet échantillon d’une liste qui ne peut être que plus longue, il serait absurde d’omettre le nom de ce grand comédien-animateur Hamza Feghouli, connu sous le sobriquet de «Mma Massaouda », qui unit la langue à l’esprit comme il aime conjuguer la réflexion avec le rire faisant ainsi vibrer le podium à chacune de ses représentations. Nonobstant, cette composante aussi riche puisse-t-elle paraître est, au fil du temps, vouée à un incommensurable anachorétisme bien que cachées en elle des choses merveilleuses qui peuvent inlassablement magnifier la grandeur. Un ensemble qui s’articule sur le balancement inaltérable d’un rythme indulgent et, sans fioriture aucune, se veut un réservoir révélateur, un cénacle uni et authentique propre à la culture Algérienne doté de tous les ingrédients pouvant investir la nostalgie et la ferveur quasi-culturelles ainsi que l’univers mythique de la tradition et cette urgence électrique du temps présent. Cependant, il devient quelque peu paradoxal de parler de l’actualité dans la mesure où la culture, à travers cette wilaya, n’est assimilée qu’à une symbolique présence dont l’activité pour le moins timide tant en matière de recherche que d’expression accuse des faiblesses de différentes formes. Ce désagrément est certainement soumis à plusieurs causes dont la principale réside en la restriction des moyens matériels et l’exigüité infrastructurale. Sur ce dernier point, on ne risque absolument d’être contrarié quant on sait que les salles qui s’y trouvaient jadis ne répondent plus aux exigences voulues sinon que la dégradation avancée de l’unique salle de cinéma qui « subsiste » à la calamité. S’agissant de la salle du conservatoire communale, elle est beaucoup plus utilisée au même titre qu’une salle des conférences politiques qu’en un édifice culturel. Au demeurant, parler de la direction de la culture, le qualificatif ne serait qu’hyperbolique dans la mesure ou, depuis des années, l’on ne cesse de nous bourrer d’un éventail d’affichage portant sur des programmes qui ressemblent beaucoup plus à rien…En somme, un grand risque serait impératif si les pouvoirs publics ne soient inquiétés quant à l’éventuel rétablissement de la culture et de ceux qui y veillent dans leurs droits. Pour ce faire, autant lancer un vibrant SOS en direction de qui de droit afin de parer à la population, notamment à la jeunesse, de dévier vers les chemins sinueux de la délinquance et de toutes les surprises que ce fléau risquerait d’engendrer comme nous l’avions déjà vécu.
M. Zouaoui
25 mars 2013
Abdelhamid Sahraoui, Mohamed Oudhai, Sougueur, Tiaret