15 mai, 2013
Ce qu’a vécu la ville de Tiaret ce mardi, au lendemain de l’affichage des listes de nouveaux bénéficiaires de logements sociaux, opéré la veille dans la soirée sur le site officiel de la wilaya, démontre, encore une fois, que les plaintes des citoyens vis-à-vis de l’administration locale sont très souvent plus que justifiées. Du mauvais accueil à l’abus d’autorité, en passant par les passe-droits et la mortification bureaucratique, sans oublier le piétinement des textes républicains, les services publics ne font que cumuler une masse de points noirs au centimètre carré, qu’ils pourraient même ravir la meilleure place au Guinness des records.
Dans le sillage de ces inégalités pour le moins absurdes, plus d’une centaine de citoyens se sont réunis autour d’un sit-in tenu devant le siège de la daïra pour exprimer leur mécontentement. «L’accès au logement nous pousse à avoir les nerfs sous le bonnet tant le dossier est devenu notre principal casse-tête et une fois déposées, toutes ces pièces ne sont même pas prises en compte puisque les bénéficiaires sont connus à l’avance», nous dira un citoyen qui enchaîne: «Il est plus aisé de trouver une aiguille dans une botte de foin que de se dénicher un modeste appartement et ce n’est là qu’une lapalissade, ou un secret de polichinelle». Ce dernier explique sa réaction par le fait que la commission d’attribution a outrepassé les conditions d’attribution telles que stipulées dans le décret, à savoir les modalités de traitement des demandes, les critères et barèmes de cotation, les modalités d’occupation du logement, le fichier national du logement, etc.
Conjointement à leur action, ces derniers ont joint une liste portant pas moins d’une trentaine de cas présentant des confusions inexpliquées, voire des bénéficiaires douteux dont des commerçants, des propriétaires terriens et d’autres qui ne résident même pas dans cette commune ou bien des jeunes. Cependant, le clientélisme, le passe-droit, le copinage, les pots-de-vin…sont autant d’entraves qui sont souvent mises à l’index par ces derniers qui demandent aussi une enquête approfondie sur la commission d’attribution qu’ils comptent, selon leurs déclarations, ester en justice. Un autre citoyen nous affirmera, dans le même contexte, que le sujet mérite qu’on s’y attarde sur les critères dictés par la loi en vigueur et qui ne sont jamais respectés par les membres de la commission d’attribution qui sont obsédés par la magouille. «Nonobstant ce qui procède, nos dossiers ne sont déposés que pour être jetés dans de sombres tiroirs où ils sont grignotés par la poussière et une telle situation n’est pas sans faire monter à la surface toute l’ingratitude de ces décideurs», tenait à dire une dame qui loge dans une modeste pièce qui présente le paroxysme de la précarité, déjà louée chez un particulier, et qui se trouve avec trois enfants tous malades à cause des conditions de vie lamentables. Par ailleurs, devant une telle situation qui se veut d’autant plus délicate qu’il est extrêmement urgent de trouver des solutions susceptibles de désamorcer cette bombe à retardement.
À croire que les autorités locales ne semblent aucunement s’en soucier puisque, hormis les services de sécurité, ces dernières ont brillé par leur indifférence quant aux plaintes des uns et lamentations des autres. Toutefois, intervenant pour éviter que le siège de la daïra de soit investi par ces jeunes, les forces antiémeute ont dû faire recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule. Sur un autre volet, on a noté les impressions complètement contradictoires de certains observateurs qui ont jugé la liste fiable. « Bien que je n’ai pas bénéficié de logement, je reconnais que plus de 70% des bénéficiaires méritent bien de figurer sur la liste », nous avouera un postulant.
Il y a lieu de souligner que ces listes comportent 1 082 bénéficiaires dont 285 inscrits dans le cadre du recasement de l’habitat précaire, 319 logements sociaux locatifs pour les moins de 35 ans et 478 pour les plus de 35 ans. Par ailleurs, l’on a appris d’une source digne de foi que le wali de Tiaret a exhorté les responsables concernés de mettre les bouchées doubles pour concrétiser dans les délais les 3 230 nouveaux logements en construction dont 820 unités n’attendent que les travaux de viabilisation pour leur attribution très prochaine.
M. Zouaoui
19 mai 2013
Courrier d'Algérie, M. Zouaoui, Tiaret