Sans préjuger des résultats des autres examens, «l’urgence aujourd’hui est d’élever le niveau de difficulté des examens pour faire une vraie évaluation de la réforme scolaire engagée, disséquer les notes obtenues par les élèves matière par matière et veiller à adapter les programmes aux capacités cognitives réelles des élèves», a-t-il souligné. Dénonçant ce qu’il a appelé une «tendance dangereuse» de vouloir privilégier le quantitatif sur le qualitatif, le coordinateur du Cnapest a estimé qu’une «bonne partie des élèves déclarés admis à l’examen de la cinquième ont un niveau à peine moyen». Interrogé sur les incidents survenus dans certaines régions du pays lors de l’examen du baccalauréat, Meziane Meriane a exigé des pouvoirs publics une «enquête approfondie et surtout une extrême sévérité à l’encontre des fauteurs, quel que soit leur niveau de responsabilité», a-t-il affirmé. Citant l’exemple qu’il a qualifié «d’abject» de la «triche généralisée dans les centres d’examen, sous le regard impuissant, voire complice, des surveillants et des observateurs à Staouéli (W d’Alger)», l’invité de la radio a expliqué que ce qui s’est passé est «extrêmement grave malgré le niveau pourtant tout juste moyen des sujets proposés aux candidats», et que les autorités concernées doivent prendre des «sanctions exemplaires pour éviter la répétition de tels scénarios, fort dommageable à la crédibilité du diplôme du baccalauréat», a-t-il indiqué.
Répondant à une question sur la nature des sanctions à prendre, Meziane Meriane a estimé qu’une fois les conclusions de l’enquête connues, il faut d’abord veiller à «identifier clairement les acteurs de ce fiasco, avec par exemple la note éliminatoire de 0/20 pour tout candidat pris en flagrant délit de triche, l’exclusion du lycée pendant une période de 5 années ; peut-être comme ça on pourra rendre justice aux élèves des autres régions du pays qui ont passé avec sérieux les épreuves du bac», a-t-il souligné. «Il est intolérable que des élèves qui ont triché puissent obtenir leur bac ; le ministre de l’Education nationale est interpellé personnellement pour sauver l’école algérienne du chaos qui la menace», a-t-il martelé.
Considérant que les sujets proposés étaient «dignes d’un baccalauréat de qualité», surtout pour les épreuves de maths et de philosophie, le coordinateur du Cnapest, tout en dénonçant les «trabendistes du bac qui proposent des sujets fictifs sur la Toile et induisent les candidats en erreur», a indiqué que «malgré la triche enregistrée dans certains centres d’examen, cela ne remettait pas en cause la crédibilité du baccalauréat, avec le risque de voir des candidats méritants sanctionnés injustement parce que d’autres n’ont pas respecté les règles du jeu», a-t-il affirmé. Revenant sur le problème du seuil du programme enseigné durant l’année scolaire (El Ataba), il a estimé qu’il s’agit là d’une «concession du ministère de tutelle», ajoutant que cette «aberration doit être définitivement bannie».
OUI AU RACHAT AU BAC
La fuite dans les sujets étant aujourd’hui «impossible» selon Meziane Meriane au vu des mesures draconiennes prises par l’ONEC, ce dernier a expliqué que le «problème posé par El Ataba’ fait qu’on a aujourd’hui un baccalauréat à la carte, donc un diplôme au rabais, avec un niveau catastrophique pour nos futurs étudiants». La qualité de la formation de l’enseignant, la nécessaire équivalence entre le volume et les programmes enseignés, et la révision des coefficients pour les matières dites «mineures» demeurant selon le coordinateur du Cnapest l’une des propositions-phares de son syndicat, en prévision des assises de l’éducation nationale prévues à la rentrée prochaine, ce dernier s’est dit «favorable» au rachat au bac dès l’année prochaine et la réintroduction de la fiche de synthèse (et donc, la discipline et l’assiduité de l’élève durant l’année scolaire), à l’examen de la fin du cycle secondaire. Anticipant sur le taux de réussite au baccalauréat de cette année, Meziane Meriane a estimé qu’il «pourrait se situer autour de 50 %», avec une «tendance à la baisse de ce taux dès les prochaines années», a-t-il affirmé. L’école privée en Algérie, la surcharge des classes, l’allégement des programmes enseignés, le «phénomène inquiétant» des cours particuliers et leur remplacement par des cours de rattrapage à l’intérieur des établissements et l’allégement du poids du cartable avec l’introduction probable des tablettes numériques ont été les autres points débattus.
15 juin 2013
El -HOUARI Dilmi, Quotidien D-Oran (Le )