En effet, reconnaissant que les quantités de résine de cannabis saisies en Algérie sont «importantes», le directeur de la Sécurité publique à la DGGN a expliqué qu’une étude effectuée par des experts de l’Institut national de criminalistique et de criminologie a «démontré que les quantités saisies étaient destinées à des pays comme la Libye, la Tunisie ou encore le Niger, pour être ensuite transférées vers l’Europe et le Moyen-Orient» a-t-il affirmé.
Les services de sécurité algériens, face à cette nouvelle menace, «s’organisent en conséquence pour faire face aux narcotrafiquants qui, eux aussi, changent continuellement de circuits et de méthodes» a-t-il indiqué. Interrogé sur les quantités saisies, le colonel Med Tahar Benamane a déclaré que durant l’année 2012, la Gendarmerie nationale «a saisi 73 tonnes de résine de cannabis, et 40 tonnes durant les 5 premiers mois de 2013». Ces importantes quantités ont «été saisies à travers plusieurs wilayas du pays, notamment les wilayas de l’Ouest, dont Tlemcen», ajoutant que «toute la drogue saisie provenait du pays voisin, le Maroc, considéré comme le plus grand producteur au monde, avec une quantité avoisinant les 100.000 tonnes», a-t-il encore affirmé. Insistant sur «l’évolution inquiétante» du trafic de stupéfiants durant les 3 dernières années, en Algérie, avec des risques avérés sur la santé publique et l’économie nationale, l’invité de la radio dira que la «filière Algérie n’était pas unique au vu de la quantité très importante de résine de cannabis produite par le Maroc», ajoutant que durant l’année écoulée, la Gendarmerie nationale a enregistré 3.147 affaires de trafic illicite de stupéfiants, 3.319 arrestations, dont 21 personnes étrangères. Avec la guerre au Nord-Mali et la situation au Sahel, précise le colonel Med Tahar Benamane, les narcotrafiquants «ne sont plus en situation de payer les terroristes pour les aider à faire passer leurs quantités de drogue. Ils préfèrent, alors, affronter directement les services de sécurité algériens, quitte à utiliser des armes lourdes, et cela explique les grandes quantités saisies sur le territoire. Ils s’offrent des armes sophistiquées et veulent ensuite passer par la force», a-t-il affirmé.
Répondant à une question sur le trafic de drogue dure en Algérie, le directeur de la Sécurité publique à la DGGN a cité l’exemple de la saisie, par la Gendarmerie nationale, le 17 octobre dernier, au port sec de Baraki (Alger) de 165 kg de cocaïne, ajoutant que cette drogue,- saisie à bord d’un bateau en provenance de la Nouvelle Zélande-, venait d’Amérique latine. Faisant le parallèle entre le trafic de drogue et ce qu’il a appelé les «infractions connexes», l’invité de la Chaîne 3 a expliqué que les narcotrafiquants «ne reculent devant rien pour tenter de recycler l’argent sale dans le circuit normal de l’économie». Mettant en exergue «l’effort permanent» de la Gendarmerie nationale dont la division de la documentation qui travaille à ficeler un fichier national des narcotrafiquants, accessible aux autres services de sécurité et à Interpol, le colonel Med Tahar Benamane a confirmé l’implication d’Algériens dans le trafic de drogue, notamment aux frontières occidentales de l’Algérie. L’invité de la radio a déclaré que même si le «constat est effrayant, la situation n’en reste pas moins maîtrisable pour les services de Sécurité algériens du moment que notre pays reste un pays de transit, avec cette crainte de passer à un pays de consommation, si rien n’est fait face aux grandes quantités de drogue qui rentrent au pays» a-t-il rappelé.
Insistant sur le fait que la lutte permanente contre ce nouveau genre de crime organisé que connaît l’Algérie, le directeur de la Sécurité publique à la DGGN a estimé que «le combat contre ce fléau impliquait toute la société, avec un rôle de prévention qui reste primordial, surtout en direction de la jeunesse, attirée par ce poison peu coûteux». A une question sur la production de drogue en Algérie, le colonel Med Tahar Benamane, tout en considérant qu’elle était «minime», a néanmoins fait état de la destruction de 2 champs de plants de cannabis à Adrar, durant l’année écoulée. Malgré le dispositif sécuritaire mis en place, composé de 1.300 brigades de la Gendarmerie nationale, 28 sections de recherche, 8 brigades de recherche et des unités de gardes frontières comptant 25.000 hommes, pour lutter contre la criminalité organisée, dont le trafic de drogue, a reconnu le directeur de la Sécurité publique «quelle que soit la technologie mise en place, le trafic de drogue existera, vu que c’est un créneau porteur». La forte demande exprimée par certains pays voisins explique l’évolution vers la hausse du trafic de carburant et de cheptels, aux frontières-ouest et la contrefaçon de produits alimentaires et autres aux frontières-est, a conclu l’invité de la Chaîne 3.
18 juin 2013
El -HOUARI Dilmi, National, Quotidien D-Oran (Le ), TERRORISME