Encore près de six tonnes de kif saisies à El-Oued : L’Algérie en guerre contre le trafic de drogue par El-Houari Dilmi

Le trafic de drogue prend les contours d’une menace très sérieuse sur la sécurité nationale, avec des quantités astronomiques de kif traité qui se déverse chaque jour, et sur pratiquement toutes les régions du pays. Il y a urgence à agir, et des solutions radicales s’imposent pour protéger la jeunesse algérienne contre un danger mortel qui semble directement la viser. 

Ce mardi, peu avant la rupture du jeûne, une quantité de 5,749 tonnes de résine de cannabis a été saisie près de la localité de Still, sur l’axe routier menant vers le chef-lieu de la wilaya d’El-Oued, a indiqué hier mercredi la direction régionale des douanes d’Ouargla, cité par l’APS. La drogue a été saisie, lors d’un contrôle routier, à bord d’un camion doté d’une cachette spécialement aménagée pour dissimuler la drogue, a-t-on précisé de même source, ajoutant que le chauffeur du camion a été arrêté. L’opération a été menée conjointement par les éléments de l’Armée nationale de la 4ème Région militaire et de la brigade mobile des douanes de Still. La drogue était conditionnée dans des plaquettes de différents poids, a fait savoir la direction régionale des douanes d’Ouargla. La marchandise saisie a été évaluée à 2,29 millions de DA et le moyen de transport utilisé pour son acheminement à 1,3 million de DA, tandis que l’amende encourue a été fixée à 2,31 milliards de DA, a-t-on précisé de même source. Le mis en cause sera déféré devant la justice une fois achevées les procédures légales d’usage, a-t-on encore indiqué à la direction régionale des douanes d’Ouargla. 

LE MAROC POINTE DU DOIGT 

Le pays voisin, le Maroc, premier producteur mondial de résine de cannabis, est pointé du doigt pour orchestrer cet immense trafic, sinon à fermer les yeux sur une véritable entreprise de déstabilisation et d’agression à l’encontre de l’Algérie. Les saisies de drogue prennent des proportions alarmantes en Algérie. Pour s’en convaincre, il suffit de « peser » les quantités saisies : plus de 41 tonnes de drogue ont été saisies par les services des douanes durant les quatre premiers mois de 2013. Les quantités saisies par les services concernés par la lutte contre la drogue ont atteint 157 tonnes en 2012 contre 78 tonnes depuis le début de cette année a précisé le directeur adjoint de la lutte contre le trafic de drogue à la direction générale des douanes, M. Arezki Henad. 

Ce dernier estime que des « quantités importantes de drogue sont régulièrement saisies par les forces de l’ordre algériennes», ajoutant que l’Algérie espère une « collaboration de la part du Maroc », pour lutter contre le trafic de drogue. Pour sa part, en visite de travail dernièrement en Russie, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a directement pointé un doigt accusateur sur le Maroc dans le trafic de drogue vers l’Algérie. 

Il a appelé les grandes puissances à faire pression sur Rabat pour l’obliger à une meilleure collaboration en matière de lutte contre le trafic de drogue. 

L’ANP S’IMPLIQUE DANS LA LUTTE CONTRE LA DROGUE 

En presque cinquante ans, les drogues sont devenues de plus en plus présentes et de plus en plus variées dans le pays. Si le kif est de loin la drogue la plus présente en Algérie, car plus accessible par son prix, d’autres substances commencent à s’installer durablement en Algérie. La cocaïne, l’héroïne, et surtout les psychotropes sont également devenues des drogues largement consommées en Algérie. Preuve en est les bilans de saisies annuels par les services de sécurité qui sont sidérants : 15,702 kg de cocaïne ont été saisis durant les neuf premiers mois de 2012, 5,295 kg d’héroïne, et 203 022 comprimés de psychotropes. La menace que fait peser le trafic de drogue sur l’Algérie serait si préoccupante pour les autorités algériennes que l’Armée a décidé de s’impliquer, elle aussi, dans l’offensive contre les semeurs de la « mort sans frontières ». En effet, l’armée algérienne a été chargée de lutter contre les trafics de drogue, « une menace pour la sécurité nationale liée à l’extrémisme dans la région », a déclaré dernièrement le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia. « Nous sommes en guerre. C’est une guerre contre une nouvelle forme de terrorisme : le trafic de drogue », a affirmé le ministre de l’Intérieur. L’Algérie s’inquiète du lien fait entre trafic de drogue et extrémisme dans le Sahel. Mokhtar Belmokhtar, un chef djidahiste ayant revendiqué l’attaque du complexe gazier algérien en janvier, a longtemps garanti la sécurité des trafiquants de drogue en échange d’argent. 

Pour les observateurs, le gouvernement algérien, en confiant à l’armée la tâche de lutter contre les trafics de drogue, veut montrer l’importance qu’il accorde à ce dossier, géré jusqu’à présent par la gendarmerie, les douanes et la police des frontières.