Culture : «Je refuse d’être la victime du discours politique» par G.O.

Abdelhalim-Hafez Zemmouri est un cinéaste dans tous ses états. Il a eu à le démontrer lors de la réunion du 1er ministre avec la société civile. Il a raconté, arguments à l’appui, l’état de déliquescence dans lequel les responsables de la culture ont plongé le cinéma algérien. « Dommage que la ministre de la Culture n’est pas là, » a-t-il commencé par regretter. « Pourquoi nous, on ne te remplit pas les yeux ? » lui a demandé Sellal qui lui promet qu’ « on va vous envoyer la rouquine ». En attendant, le jeune intervenant aura toute la force pour le convaincre de l’impérieuse nécessité de revoir la gestion et la prise en compte de la production cinématographique nationale. « Nous, à l’intérieur du pays, personne ne nous écoute ni ne nous reçoit, l’Algérie pour le gouvernement, c’est le jeune qui parle à la place Audin d’Alger », lance Zemmouri. Il regrette que les représentants de la société civile ne soient pas considérés comme des partenaires « les élus ne nous reçoivent même pas. » Il continue sa plaidoirie en soulignant que « nous sommes fiers d’être considérés, nous les Tiaretis, comme des agriculteurs, mais on n’est pas obligé d’être tous des agriculteurs, je suis producteur de cinéma, ce n’est pas facile de faire un film. » Il fait savoir que « ça fait 7 ans, j’en ai produit un, mais l’ENTV refuse de le diffuser sous prétexte qu’elle a reçu des instructions. » Pour lui, le pays ne doit pas oublier la décennie noire, « nous les cinéastes pouvons la raconter par des films, j’ai des projets, mais pourquoi on nous ferme les portes et les salles de projection ? » interroge-t-il. Zemmouri refuse d’être, dit-il « la victime du discours politique. » Il dénoncera le fait que «l’idéologie de certains cinéastes algériens est née en France » mais dit-il « la nôtre, nous cinéastes qui sommes ici, est née en Algérie, nous ne demandons pas grand-chose, juste de nous laisser produire, faites-nous participer à des réunions de travail. » Le 1er ministre lui indiquera que « vous allez recevoir une invitation de la ministre de la Culture, elle est nerveuse et vous êtes nerveux, vous allez vous entendre ».