le 10.09.13 | 10h00
Rosfa n’a pas bénéficié d’un programme de développement conséquent à même de satisfaire les besoins de ses habitants.
Rosfa, l’une des cinq localités de la daïra d’Aïn Kermès, élevée au rang de commune lors du découpage administratif de 1984. Une commune qui n’a pas beaucoup changé depuis pour les 6 000 habitants de ses 19 douars. Certains jeunes, faute de toit, ne songent même pas au mariage et pour cause, Rosfa n’a pas bénéficié jusqu’alors d’un programme de logement conséquent à même de satisfaire les besoins. Les moyens de transport sont rares du fait de la dégradation de la chaussée. Deux à trois véhicules de transport et trois taxis assurent la navette mais les urgences ce sont les clandestins qui s’en chargent. Tomber malade la nuit reste un cauchemar pour de nombreux citoyens non véhiculés. L’ambulance affectée à la mairie reste peu disponible et sert plutôt à l’activité administrative. Le centre de santé réalisé est très désaffecté et sa fonctionnalité n’est pas optimale. Le médecin chez qui les gens se rendaient jusqu’au domicile a fini par quitter Rosfa. Même les deux vieilles matrones sont mortes et les femmes enceintes devront accoucher soit à Kermès ou à Frenda. A vocation agropastorale dont 10 000 hectares en zone steppique, Rosfa n’a pas beaucoup bénéficié de budget pour le développement.
En témoignent ces ruelles escarpées et ces grands retards en matière d’alimentation en eau, d’électricité, de loisirs pour jeunes et surtout le gaz de ville et l’aménagement urbain. Dans ces conditions-là, seules les deux mosquées du village font office d’espaces d’échanges et de rencontres pour vieux et jeunes. A dix heures du matin, pas une seule âme qui rôde dans les parages. C’est déjà le vide par ces journées caniculaires. Au niveau du chemin utilisé comme marché, ne subsistent que des détritus. Une sorte d’enclos plutôt déserté par les marchands au moment où les locaux du président de la république sont tous fermés. De petits groupes de jeunes, par manque d’espaces de loisirs et de divertissement, font dans l’oisiveté et «tuent le temps» sous l’ombre des platanes en s’adonnant à des jeux improvisés pour les plus chanceux. D’autres sont employés dans les bergeries. Le centre culturel réalisé depuis une dizaine d’années est fermé et n’a jamais fonctionné alors que sa toiture et certains de ses équipements auraient disparu. Idem pour la bibliothèque et le stade communal sur lequel a poussé l’herbe sauvage et la ronce. Le Widad Riadhi Baladiat Rosfa ne s’est pas engagé depuis plusieurs années. Silence radio pour l’onde locale «Radio-Tiaret» non captée.
La population manque de tout
Le village dispose d’un château d’eau qui ne fonctionne pas. Une autre infrastructure a été réalisée. La population manque de tout. Le 24 février dernier, jour anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la naissance de l’UGTA, tôt dans la matinée, des dizaines de citoyens, dont des lycéens et élèves de différentes écoles, sont montés au créneau pour dénoncer la mal-vie, l’emploi, le cadre de vie et la marginalisation. Pour se faire entendre, ils ont fermé la totalité des accès menant vers la commune de Rosfa ainsi que le chemin menant vers la wilaya de Saïda. La circulation routière a été paralysée et même l’actuel P/APC trouva «légitime les revendications des citoyens». Installé aux commandes depuis neuf mois, il ne semble pas avoir fait grand-chose pour changer les conditions de vie de ses concitoyens sinon les atténuer.
Le chef de daïra, M. Zine, explique que «beaucoup de projets sont inscrits pour cette commune bien que la priorité reste le gaz de ville». Selon notre interlocuteur, «le permis est établi et remis à Sonelgaz avec les plans mais cette entreprise trouverait des difficultés liées à deux appels d’offres restés infructueux». «Le gaz de ville, enchaîne-t-il, est programmé et ne reste que la réalisation qui ne saurait tarder». Une autre promesse quand on sait que les villageois attendent depuis 2006. S’agissant de la dégradation des routes, notamment le chemin de wilaya 9 et même à l’intérieur du tissu urbain, M. Zine dira «que ni lui ni le wali ne consentiront à engager des travaux d’aménagement avant que le gaz et certains réseaux puissent être installés». Reconnaissant faire face à un problème d’alimentation en eau potable pour ce qui concerne les douars de «Touarès» et «Daz», le chef de daïra signale que «des opérations sont inscrites pour y faire face».
Dans la foulée, il cite quelques opérations à réaliser comme «la réhabilitation d’un tronçon du CW 9 et même son classement en route nationale, le renforcement de l’éclairage public, la réalisation d’une salle de soins avec deux logements de fonction» mais a lui aussi émis le vœu de voir inscrire d’autres programmes et entamer ceux promis. Il cite une salle omnisports, la distribution de terres excédentaires et leurs mises en valeur pour résorber le chômage, le transfert du portefeuille foncier pour créer un lotissement et le distribuer aux jeunes, la réalisation d’un groupe scolaire et d’un lycée et d’une décharge contrôlée.
A propos de logement, M. Zine rappelle qu’un programme de 80 logements, type LPL, est programmé de même que pour l’habitat rural groupé où l’on enregistre, ajoute-t-il, un programme de 100 unités. Le passage du rail dans la région reste enfin une aubaine pour laquelle il souhaite l’inscription d’une petite gare.
Fawzi Amellal
© El Watan
10 septembre 2013
EL WATAN, Fawzi Amellal., Rosfa