Rappelant la «nécessite absolue» de combattre par tous les moyens la bureaucratie tentaculaire qui empoisonne le vécu de milliers d’Algériens, Farouk Ksentini a salué la création du ministère délégué, rattaché au Premier ministre et chargé de la réforme du service public, estimant qu’il s’agit là «d’un instrument institutionnel à promouvoir au service de la réhabilitation du service public dans notre pays». Cette «plaie ouverte qu’est la bureaucratie, ce mal profond, s’est tellement ancrée dans nos mœurs qu’elle me fait rappeler la bureaucratie chinoise de Mao Tsé-toung dans les années soixante-dix» a-t-il souligné. Estimant qu’en raison des mauvaises habitudes qui ont la peau dure, il a indiqué que la «mission du nouveau ministre M. Mohamed El Ghazi, sera lourde et complexe, même si nous avons espoir que ce combat aboutisse grâce à la volonté politique du gouvernement de réformer les principales missions de l’Etat ; il s’agit là de l’une des principales clefs pour mettre le pays sur la bonne voie» a-t-il martelé. A la question de savoir lequel des segments minés par la bureaucratie doit être combattu en premier, Me Farouk Ksentini a estimé qu’il s’agit d’un «combat permanent global contre cet hydre à sept têtes qu’est la bureaucratie». Même si le secteur de la santé, au vu des insuffisances criardes qu’il endure, reste l’un des secteurs qu’il «faut absolument assainir», selon Farouk Ksentini. Même si des améliorations sont perceptibles dans le secteur de la santé, notamment sur le plan budgétaire, «un travail énorme reste à faire pour la mise à niveau de ce segment névralgique dans la vie des citoyens».
Revenant sur les dernières déclarations du Premier ministre Abdelmalek Sellal sur la lutte contre la corruption, le président de la CNCPPDH a expliqué que la bureaucratie est elle-même génératrice de corruption, en ce sens qu’elles ont intimement liées, l’une ne peut pas exister sans l’autre» a-t-il indiqué. «La multiplication des obstacles devant l’administré ouvre la voie à la fois aux corrupteurs et aux corrompus» a encore indiqué Me Farouk Ksentini. Au sujet du rapport Issad sur la réforme de la justice, l’invité de la radio nationale regrette que ce rapport «soit totalement ignoré». Il en veut pour preuve le nouveau code de procédure civile et administrative qu’il qualifie «d’aberrant», ajoutant que nombre de magistrats et d’avocats se plaignent de ces «absurdités judiciaires inadmissibles». Reconnaissant les progrès notables enregistrés dans l’administration pénitentiaire, le président de la CNCPPDH s’est dit «satisfait» des conditions de détention en Algérie, même si le recours à la détention préventive reste à revoir, a-t-il indiqué. Rebondissant sur la mesure de la détention provisoire, Farouk Ksentini a estimé que les «choses se sont encore détériorées depuis la remise du rapport par la commission qu’il préside au chef de l’Etat».
Parlant plus d’une «pratique anticonstitutionnelle» qu’il faut bannir que de comportement des magistrats, l’invité de la radio a expliqué que la détention provisoire doit être une «mesure exceptionnelle et non la règle» a-t-il affirmé. La dépénalisation de l’acte de gestion, la loi sur l’organisation de la profession d’avocat, la préparation du rapport 2013 de la commission qu’il préside et le chapitre consacré aux «oubliés de la réconciliation nationale», la situation des prisonniers de Guantanamo, l’avancée «modeste» des droits de l’homme en Algérie, la réforme de l’école algérienne, et la situation en Syrie à la lumière des derniers changements dans la région ont été les autres points développés par Farouk Ksentini.
16 septembre 2013
National, Quotidien D-Oran (Le )