La décennie noire, qu’a traversée l’Algérie et qui avait failli mettre à genoux tout un pays, a été pour certains «planqués» l’occasion idéale d’amasser des fortunes, en profitant de la déliquescence des services de l’Etat mobilisés pour combattre la bête immonde du terrorisme.
Pendant que les services de sécurité et tous ceux qui aiment ce pays consentaient d’immenses sacrifices, des bandits en col blanc avaient occupé des postes importants et s’octroyaient des biens de l’Etat avec la complicité passive, d’une administration frappée de léthargie. Une nouvelle race de prédateurs, de trafiquants et de flibustiers, a tout accaparé, usant de corruption, d’influence, de menaces, de passe-droits et autres moyens pour piller le pays. Tout y passa : terres agricoles, biens immobilier, foncier industriel, nominations abusives consacrant la médiocrité, passations de marchés sans respect aucun, pour la réglementation en vigueur et autres abus. Tiaret, pôle agro-pastorale, touristique et commercial important, n’a pas échappé au phénomène et a subi un pillage en règle, qui l’a en l’espace de quelques années- dépouillée de ses meilleurs atouts. Le Sersou avec ses cultures, les zones dites industrielles, les biens immobiliers situés au centre-ville et autres espaces ont subi le diktat de ces magouilleurs en tous genres, pour être détournés de leurs vocations premières et servir de lieux de stockage de marchandises diverses, de fonds de commerce, pour les foires dites économiques ou encore d’ateliers de maintenance et de réparation. Le cas de la SNIC est édifiant et renseigne sur l’ampleur de ce trafic ? qui s’étale aujourd’hui au grand jour. Fondée au début des années 80, cette entreprise avait en quelque sorte structuré et discipliné la production de peinture et autres dans toute la région de Tiaret, qui avait acquis et construit des hangars et des dépendances situés un peu partout dans la wilaya. La gestion se faisait cahin-caha, accumulant déficit sur déficit, puis on pensa à louer ces biens à des particuliers. De la location, on est très vite passé à la sous-location. Des services après-vente de concessionnaires y sont installés, des ateliers de mécanique et de réparation de véhicules, des magasins, des hangars de stockage de marchandises diverses, produits alimentaires, articles électroménagers, pièces détachées et autres vins et boissons alcoolisées. Les exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) sont, elles aussi, le domaine de prédilection des trafiquants, qui se sont approprié de façon illicite des terres fertiles, qu’ils ont transformé en lotissements pour construire des logements, mettant devant le fait accompli une administration, qui n’a réagi qu’après coup. Au départ, ces terrains agricoles avaient été cédés, dans le cadre du dispositif légal d’usufruit à des ouvriers agricoles des anciens domaines autogérés pour être exploités. Mais ces derniers ne pouvant ou ne voulant plus les cultiver, les avaient sous-loués, ou avaient cédé leurs droits au profit de particuliers, qui avaient saisi l’occasion avec la complicité de notaires véreux. Ainsi, sur les 955 EAC et EAI que compte la wilaya de Tiaret, 469 ont fait l’objet d’enquêtes menées, par la Gendarmerie nationale. La Direction des services agricoles a déclenché à son tour d’autres enquêtes et convoqué des bénéficiaires, pour qu’ils s’expliquent sur les dépassements constatés. Ainsi, il est apparu que plusieurs EAC qui «exploitent» plusieurs milliers d’hectares, n’ont pas respecté les clauses contractuelles mentionnées dans les titres d’attribution. Sous-location à des tiers, mise en jachère, vente illégale, détournement de parties des terrains, constructions illicites et autres, telles ont été les infractions relevées par les éléments de la Gendarmerie nationale. Les dossiers avaient été transmis, à la justice qui statuera sur ces cas. Cela entraîne, selon un spécialiste du foncier agricole, une déchéance des droits des attributaires et des dédommagements, qui seront versés à l’Etat. Cela n’est, bien sûr, que la partie visible de l’iceberg, puisque, selon nos informations, des milliers d’hectares ont connu le même sort sans que rien ni personne ne s’y oppose. Durant les années 1990, on était trop occupé à rétablir la sécurité et à protéger les biens et les personnes. La surveillance et le contrôle par les services concernés étaient mis en veilleuse et certains en avaient profité à satiété. Le foncier industriel, l’autre gros morceau auquel s’est attaquée une véritable mafia, est à l’origine de l’enrichissement illicite et indécent de certain, qui roulent dans des carrosses, aujourd’hui, et sont devenus incontournables sur la place de Tiaret. La mafia du foncier, a dilapidé le portefeuille foncier de la wilaya, en présentant de vrais faux investisseurs, qui ont détourné les terrains de leur vocation première , à savoir ; la réalisation de grands projets industriels, pour en réaliser d’autres, ou pour les revendre au plus offrant. Aujourd’hui, avec la mise en place de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière, la situation est quelque peu maîtrisée, malgré que cette dernière a vu l’incarcération de plusieurs responsables, pour des malversations. Même la classe dite intellectuelle est devenue « trabendiste », en effet, des médecins connu sur la place deTiaret, se sont accaparé d’assiettes de terrains, pour soi-disant la réalisation de clinique médicale, mais ces derniers les ont transformé, en villas et des magasins loués a des tierces personnes, et ce, sous la couverture d’investissement, et dire que Tiaret demeure l’une des villes du pays, ou la magouille et la « Tchippa » demeure un critère de sélection pour l’enrichissement rapide.
CORRUPTION, DILAPIDATION, DEPASSEMENT ET AUTRES… :
Inscrivez vous
Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.
9 octobre 2013
Maloufi Mahdi, REFLEXION, Tiaret