le 25.10.13 | 10h00
Le jeudi 31. A Tiaret et Oran. A 14h et 16h30. Deux auteurs, deux quinquagénaires bourrus, deux solitaires passionnés, Ellroy l’écrivain et De Palma le cinéaste, une même hantise, une même terreur. Un Dahlia noir équivoque.
Le récit se déroule en 1947, Hitler s’est flingué, John Ford a réalisé La Poursuite infernale et Betty se fait dépecer dans un terrain vague de la Cité des anges. Sa légende vient de naître. Se réapproprier les psychoses d’Ellroy, auteur du roman original, n’est pas chose aisée. De Palma partage avec l’écrivain californien des parts d’ombres similaires qui furent savamment exploitées à des fins artistiques. D’un roman génialement dense, il en extirpe les faux-semblants du pouvoir. Il est toujours question d’une lutte des classes, celle d’une bourgeoisie hollywoodienne contre la Californie d’en bas. Une société dominatrice à son paroxysme, dévorant inlassablement toutes celles qui ont le malheur de rêver face aux déprimés chroniques, insatisfaits sociaux et flics romanesques polluant les trottoirs de Sunset Boulevard.
En cinq cents pages, Ellroy prenait le temps de décortiquer les rouages d’une administration qui prenait un malin plaisir à rudoyer les nantis. Au cinéma, l’histoire est différente ! De Palma peine mystérieusement à construire une linéarité dans ses propos, l’organisation de ses idées étant totalement sabordée par un trop plein d’inspiration. Chacun des enchaînements proposés souffrent d’une forme inachevée, comme si le cinéaste refusait d’approfondir ses idées séquentielles. Des blocs éparpillés ici et là et sans cohérence réelle donnent au film un léger flottement d’ennui, caressant une mise en scène qui s’assagit progressivement. Un ratage bien regrettable ! A la Cinémathèque.
Samir Ardjoum
© El Watan
29 octobre 2013
Culture