le 01.03.14 | 10h00
La SNVI et le groupe de carrossiers français BTK (Behm-Titan-Kaiser) se séparent en mettant fin à une joint-venture conclue en 2007,
sur la base des actifs de l’unité carrosserie industrielle de Tiaret spécialisée dans le montage et la commercialisation des carrosseries
et des remorques.
Après cinq années (2008/2013) d’un partenariat controversé entre la SNVI et le français BTK, l’Etat a fini par racheter les parts (60%) du capital détenu par le partenaire étranger, au grand bonheur et de l’entreprise mère de Rouïba et des centaines d’ouvriers du complexe d’Aïn-Bouchekif à Tiaret, qui assistaient à la mort presque programmée d’une usine qui a pourtant démarré en trombe en 1982. Les deux partenaires avaient créé une joint-venture dénommée BTK Tiaret, dont BTK détient 60% du capital et la SNVI 40%. Une nationalisation à l’ère de la mondialisation qui illustre, à bien des égards, une privatisation qui a failli coûter cher à l’économie nationale n’eut était la mobilisation des travailleurs sous l’impulsion du syndicat.
L’annonce d’un partenariat puis la conclusion d’un marché entre la SNVI et BTK en 2008 devait valoir pourtant et selon les clauses contractuelles «le maintien du personnel, assurer de l’emploi sans qu’il y ait recours au dégraissement, améliorer l’outil de production et valoir de meilleures perspectives à l’entreprise, notamment l’exportation» mais le patron de BTK, qui s’est engagé à investir 10 millions d’euros, n’a pas tenu sa promesse. «Le patron du consortium franco-germanique n’a en fait ramené que l’outil informatique et du vent», diront, sceptiques, quelques syndicalistes ravis de l’aubaine. A vrai dire, la détermination des travailleurs et des dirigeants du groupe de reprendre le contrôle de la gestion, qui allait de mal en pis, a été salutaire et bien fêtée en ce lundi 24 février 2014 à l’occasion du double anniversaire de la naissance de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures.
L’échec d’un partenariat
Pour paradoxal que ce soit, les responsables ont bel et bien célébré, quelques années plus tôt et pour la première fois dans l’histoire du syndicat, le 24 février chez un privé, BTK, que d’aucuns ont interprété à l’époque comme une volonté des pouvoirs publics de jouer à plein régime l’ouverture économique. Sans vouloir interpréter l’échec du partenariat entre la SNVI et BTK avec l’aval du CPE en 2006 encore moins de généraliser puisque d’autres cas prouvent le bien-fondé de la démarche entrepreneuriale, il est tout de même curieux de constater que l’intrusion du français dans ce segment d’activité n’a pas obéi à des normes économiques (des garde-fous) même si monsieur Behn a vu l’ex-ambassadeur de France, monsieur Driencourt, voler à son secours en 2011. Aujourd’hui, alors que le cauchemar a pris fin après bien des péripéties ponctuées de grèves, l’heure est au bilan mais aussi de compter sur l’expérience nationale pour redémarrer sous de bons auspices. L’euphorie en moins car le défi reste de taille. C’est dans ce cadre que monsieur Tazrout Hamoud, PDG de la SNVI, présent à Tiaret, a annoncé «l’injection de 130 milliards de centimes pour booster l’activité».
70 et 60 milliards devant servir à moderniser l’infrastructure et l’outil de production et 40 milliards pour la formation. Le responsable de la SNVI, flanqué du secrétaire de la fédération nationale qui a déclaré que «son entreprise est actionnaire avec Daimler et les militaires pour la fabrication de véhicules 4X4 à hauteur de 17% du capital tout juste à côté du complexe dans le site de la défunte usine FATIA», s’est montré «optimiste» puisque, ajouta-t-il, «la courbe qui a drastiquement chuté ces quatre dernières années va crescendo en remontant». L’effectif, qui est passé de 817 travailleurs en 2006 à 226 en 2013 reste éloquent bien que pour 2014 l’on annonce un effectif de 644 après recrutement de 146 jeunes dans le cadre du DAIP et du CTA. Incapable d’honorer leurs salaires aux travailleurs du temps de BTK/SNVI, la direction générale a dû consentir des efforts pour venir en aide à sa filiale carrosserie industrielle de Tiaret et préserver un tant soit peu la paix sociale, mais à quel prix ?
2 mars 2014
ECONOMIE -Industrie, EL WATAN, Fawzi Amellal.