Procès des deux arbitres de la ligue régionale de SaÏda
le 01.03.14 | 10h00
Le représentant du ministère public près le tribunal de Tiaret a requis, jeudi en fin de matinée à l’endroit de B. M., 32 ans, arbitre de la rencontre NRB. Brezina-l’AS Gare de Saïda du 7 février 2014 et son compère A. N., 32 ans, une sévère peine de sept ans de réclusion et une amende de 20 000 DA après qu’ils furent poursuivis en vertu de l’article 52 de la loi anti corruption sur l’affaire les opposant au manager du NRB Brezina qui les accuse de l’avoir fait chanter en vue de procéder à l’établissement d’une nouvelle feuille de match moyennant 200 000 DA, alors que les billets objet de la plainte que les policiers auraient surpris dans la poche de l’arbitre était de 60 000 DA.
Ce procès, qui a vu l’absence des plaignants, est une première dans les annales de l’arbitrage. L’affaire n’a pas livré tous ses secrets bien que les deux accusés en sont revenus avec force détails sur les péripéties ayant conduit l’arbitre du match à «se soustraire et des griffes des dirigeants et du public déchaîné après qu’il eut signifié la non-reprise de la rencontre du fait de la grave blessure subie par un des assistants». B. M., arbitre directeur, n’a fait que réitéré ce qu’il a consigné dans son rapport adressé à la Ligue de Saïda (LRFS) le 9 février, soit une journée avant les faits pour lesquels il était jugé lui et un autre arbitre de Tiaret qui a joué pour la circonstance l’intermédiaire. B. M. qui est de surcroît juriste dans une entreprise nationale, raconta devant le jeune président que «c’est cet ami arbitre qui lui a téléphoné pour venir prendre un café dans un hôtel de la ville». Et d’ajouter : «Il était étonné de la présence du dirigeant de Brezina.» Ce dernier lui aurait «glissé une liasse de billets, mais il les a refusés en dépit de l’insistance de son vis-à-vis avant l’entrer en jeu de la police».
Au-delà de cet épisode de la remise d’argent, l’arbitre a dû expliquer longuement «dans quelles conditions s’est déroulé le match qui s’acheva dans la débandade générale, ponctué par l’arrachage de ses mains de la feuille de match, la graveblessure du juge de touche, le dépôt de plainte au niveau de la brigade de gendarmerie de Brezina, le blocage de leur véhicule par une foule déchaînée au prix… de tractations difficiles». Pour battre en brèche le réquisitoire du procureur, Me Fettak a tenté de replacer le débat dans son contexte, car «la prétendue victime qui a tissé cette affaire avait pour objectif de se soustraire des sanctions que lui, certains joueurs et son équipe encourent du fait des graves propos contenus dans le rapport qu’avait reçu le 9 février la Ligue de Saïda». L’avocat de l’arbitre a même eu recours au timing qui a amené le responsable de Brezina d’être reçu par le président de cette Ligue, saisir la police de Tiaret à plus de 200 km de chez lui, alerter le procureur et prendre rendez-vous avec ses adversaires en un temps relativement court, chose ayant suscité le doute. En attendant le verdict jeudi prochain, il est à se demander si l’arbitrage n’est pas descendu aux abysses en dépit des propos rassurants jusque-là débités par ceux qui tiennent son gouvernail ?
2 mars 2014
EL WATAN, Fawzi Amellal., JUSTICE, sport