La lecture du décret présidentiel, signé par le président de la République Abdelaziz Bouteflika et publié au Journal officiel n° 38, daté du 22 juin 2014, nous fait savoir dans son article 1, qu’il est créé, au sein de la nomenclature du budget de fonctionnement du ministère de la Communication, un chapitre n° 37-06 intitulé «dépenses liées à la retransmission des rencontres de la Coupe du monde 2014 (dotation à verser à l’établissement public de télévision)».
L’Etablissement public de télévision (EPTV) a, donc, bénéficié d’une enveloppe de 2,4 milliards de dinars (30 millions de dollars) pour financer la retransmission des rencontres du Mondial brésilien uniquement sur la chaîne terrestre. «Il est ouvert, sur 2014, un crédit de deux milliards quatre cent millions de dinars (2.400.000,000 DA), applicable au budget de fonctionnement du ministère de la Communication et au chapitre n° 37-06. Dépenses liées à la retransmission des rencontres de la Coupe du monde 2014 (dotation à verser à l’établissement public de télévision)», précise encore le J.0 N°38 du 22 juin 2014, correspondant au 24 chaâbane 1435. L’EPTV avait acheté 24 matchs de la Coupe du monde Brésil 2014 contre la somme, jugée «astronomique», de 30 millions de dollars américains. L’accord, signé en mai dernier avec le détenteur des droits, beIN Sports en l’occurrence, prévoyait la retransmission de 24 rencontres, y compris celles de l’équipe nationale, sur la chaîne terrestre uniquement. Si des voix s’élèvent pour dire que ce n’est pas la télévision algérienne qui a mis la main à la poche mais bel et bien le contribuable via le Trésor public, il n’en demeure pas moins que l’EPTV aura bien retenu la leçon du présumé chantage exercé, selon son directeur général Toufik Khelladi, par beIN Sports ((ex-Al Jazeera sport) en octobre 2013 à la veille du match barrage (retour) contre le Burkina Faso. Un piratage qui a amené beIN Sport à le dénoncer en direct à la télévision et à brandir, dans un communiqué diffusé dans ce contexte, la menace de poursuivre la chaîne publique devant les instances internationales compétentes pour réclamer des dédommagements. Le directeur de l’EPTV avait, en effet, accusé beIN Sports d’avoir fait chanter les négociateurs de la télévision publique en exigeant l’ouverture d’un bureau à Alger en contrepartie d’une remise sur le prix de la retransmission du match. La chaîne qatarie s’était alors défendue face à ces allégations, expliquant avoir demandé l’aide des responsables de la télévision publique pour l’ouverture de son bureau à Alger, dans le cadre d’échange de bons procédés entre confrères. Bref, 24 matchs pour 30 millions USD, cela revient à 1,25 million USD par match en moyenne. Soit le prix du match barrage face au Burkina Faso, réclamé par beIN Sports et jugé exagéré par l’EPTV. De même que le bureau de beIN Sports est déjà opérationnel à Alger et le un (1) million de dollars de la Fédération algérienne de football (FAF) provenant des droits de retransmission des matchs des éliminatoires africaines du mondial 2014, est toujours gelé par la Confédération africaine de football (CAF) en raison du différend juridique opposant l’EPTV à beIN Sports.
24 juillet 2014
El -HOUARI Dilmi, Quotidien D-Oran (Le )