UNE PIÈCE THÉÂTRALE QUI REND COMPTE DE L’INTÉRIORITÉ D’UN INDIVIDU FACE À CEUX QUI L’ENTOURENT, EN NOUS APPORTANT DES PREUVES QUE LE COMPORTEMENT DE CHACUN EST DÉTERMINANT POUR L’AVENIR DE TOUS.
Il s’agit donc là d’un théâtre en herbe joué avec des moyens de fortune, mais c’est quand même un bon début en dramaturgie, compte tenu du fait que l’Algérie reste un vase champ d’exploration dans le domaine, pour les nombreux drames qu’elle a subis de siècle en siècle, depuis des millénaires. Rappelez-vous la pièce à «La guerre de mille ans» élaborée par Kateb Yacine pour dire que le sort de la Palestine est unique dans l’histoire des pays, qui ont connu le plus de guerres de toutes sortes. Djoher Benmouhoub a eu ce mérite de composer son œuvre théâtrale dont le décor et les costumes font partie de l’actualité. On peut la jouer dans les conditions les plus naturelles et à moindre frais. Un univers qui ne répond pas aux rêves des jeunes Nous sommes d’abord sur la place publique, espace d’expression et d’échanges, école de la vie communément appelée partout «la djemaâ», lieu commun correspondant à l’agora de la Grèce antique. C’est là que, depuis la nuit des temps, la transmission des vieux aux jeunes se fait : transmission du langage ancestral des amazighophones, des légendes, contes, poèmes, adages, proverbes émanant de nos plus lointains ancêtres et véhiculant toute la culture de l’oralité. Dans cette pièce théâtrale, on en a parlé mais très peu en insistant sur l’impact des vieux sur la mentalité des jeunes. L’auteur dit en tamazight qu’un groupe de jeunes entoure des vieux assis sur les bancs en pierres de la djemaâ. Cela remonte au temps où la vie est dure, il n’y a point de travail pour les jeunes, donc point d’avenir au village. Les générations d’hommes valides arrivant en âge d’exercer une activité sont obligés d’aller chercher du travail ailleurs. Et que d’hommes de ces villages de la kabylie sont allés s’installer à Bel-Abbès, Oran, Sougueur, Aïn El Berd ou dans le Constantinois. Quiconque voulait travailler devrait partir ailleurs. C’est ce que font Yidir et Moussa pourtant de condition matérielle différente. Yidir est un fils de riche, Moussa est tout le contraire. Les deux jeunes tentent l’aventure en partant vers l’inconnu. Ils ont marché, traversé des villages. Moussa dit à Yidir, «je ne te comprends pas, pourquoi pars-tu alors que tu as de quoi vivre ? Ce n’est pas mon cas». Yidir lui répond en lui faisant part clairement de ses intentions nobles, «gagner de quoi vivre et fonder un foyer pour ne pas être dépendant des parents». Ils continuent leur voyage initiatique lorsque la séparation des deux eut lieu de manière brutale. Yidir découvre que son compagnon n’était pas honnête. Il le lui dit, «tu n’es pas fait pour venir avec moi, alors séparons-nous ; tu viens de m’apporter la preuve que tu n’es pas sincère en allant chercher à manger de manière illicite chez les villageois». Depuis chacun partit de son côté. Une aventure qui se termine bien Yidir continua son chemin et à l’entrée d’un village, le bon Dieu lui fit rencontrer un homme généreux et d’une propreté morale exemplaire, qui le prit en charge en l’introduisant dans son domicile. Au fil du temps, cet homme qu’il avait appris à appeler da Rabah, se comportait avec lui comme un vrai père. Yidir se sentait comme un fils. C’est chez cet homme qui s’est avéré être dans une situation aisée que Yidir trouva le travail tant désiré. Aussi, il entrevoit de très belles perspectives d’avenir en nourrissant le projet d’épouser sa fille qui était à sa convenance. Le mariage eut lieu en présence des parents respectifs. On peut imaginer la suite. Quel beau sujet de pièce théâtrale.
16 août 2014
Culture, NOUVELLE REPUBLIQUE (LA ), Sougueur