le 13.11.14 | 10h00
À Mascara, à Tiaret, à Relizane, comme ailleurs, les fermetures des routes par des manifestants se multiplient ces derniers temps. Quelles en sont les raisons ?
En Oranie, et dans toute l’Algérie en général, les citoyens ont compris, à leurs dépens, qu’il ne fallait pas se contenter de crier «haro sur l’injustice» quand leurs revendications ne sont pas satisfaites. Que le seul moyen à même de leur faire obtenir gain de cause, était de mettre la pression sur les autorités. Pour cela, rien de mieux que de bloquer la route à la circulation. A Mascara, à Tiaret, ou encore à Relizane, les manifestations sur les routes nationales se sont multipliées ces derniers temps.
Par ces actions de contestation, les citoyens en colère réclament davantage de transparence dans la confection des listes de bénéficiaires aux logements sociaux, dénoncent la carence en matière d’eau potable, l’inexistence de gaz de ville au sein des douars, ou encore, tout simplement, revendiquent un meilleur cadre de vie. Ils ne savent que trop bien qu’en bloquant la route et en paralysant de facto la circulation à des milliers de conducteurs, aura pour effet de générer une pression sans précédent sur les autorités locales.
Ces dernières s’attèleront alors à résoudre leur problème, et au plus tôt. A Oran, si «bloquer la route à la circulation» est ancré dans la culture contestataire de la ville, il n’en demeure pas moins que les citoyens en colère ont trouvé, depuis quelques mois, une nouvelle méthode pour parvenir à leurs fins: paralyser le tramway. En effet, depuis le mois de juin dernier, avec le lancement des opérations de relogement, les candidats recalés au logement social ont décidé d’occuper les rails du tramway comme ultime moyen pour faire entendre leurs voix.
Quelques mois plus tard, des étudiants en colère à l’USTO ont opté pour ce même moyen de protestation pour revendiquer leur droit. Beaucoup de contestataires diront que c’est «la mort dans l’âme» qu’ils choisissent cette méthode de protestation car ils savent que ceux sont, d’abord, les citoyens qui seront les premières victimes. «Mais quand on n’a pas d’autres choix et que l’injustice est flagrante, on ne peut pas rester les bras croisés».
Les manifestations sont récurrentes à Mascara
«Nous avons décidé de fermer la route en signe de contestation contre la liste des bénéficiaires de logements sociaux affichée par la daïra». C’est presque la même phrase qu’on entend à chaque affichage des listes de bénéficiaires de logements sociaux locatifs (LSL) à travers les différentes localités de la wilaya de Mascara.
Les dernières actions de fermeture de la route datent du 11 novembre 2014. Elles ont eu lieu à Aïn Fares et Ghriss, distantes respectivement de 13 et 20 km du chef-lieu.
Lors de notre déplacement vers 14h à Aïn Fares, la RN7, reliant Mascara à Relizane, était fermée à la circulation par une dizaine de manifestants, en majorité des jeunes, à l’aide de tronc d’arbres, de branches et de pierres.
L’un d’entre eux, Aoudi Kaddour, âgé de 45 ans et père de 3 enfants, nous dira : «L’objectif de cet acte est clair: faire entendre nos revendications en matière de logements aux responsables concernés. J’ai déposé mon dossier en 2004 et jusqu’à présent, je n’ai bénéficié de rien.
Pourquoi ?» Durant la même journée, plusieurs citoyens du douar Ouled Abdelkader se sont rassemblés devant le siège de la daïra de Ghriss pour réclamer «l’amélioration de leurs conditions de vie». Selon certaines sources, les citoyens mécontents ont revendiqué l’aménagement du chemin vicinal menant vers leur douar et l’alimentation en eau potable.
«Ils ont dénoncé, en outre, le déficit en matière d’éclairage public et le quota insuffisant d’aides financières destinées à l’habitat rural», nous dit-on. A la fin du mois d’octobre passé, l’affichage de la liste des 123 bénéficiaires de logements sociaux a également incité les gens à fermer la route à la circulation.
Les deux sorties de la ville ont été bloquées par de nombreux citoyens qui contestaient la liste. «L’enquête menée par les services de la wilaya a révélé que parmi les contestataires figurent des gens qui possèdent des logements, des lots de terrain et autres commerçants», nous fait savoir une source sûre. Pourquoi protestaient-ils donc? «En signe de soutien à leurs proches qui n’ont pas bénéficié de logements», répond notre source.
Durant le même mois, des citoyens des localités de Sidi Salem (Sidi Kada) et Aïn Mansour (Hachem) ont également fermé des routes. Ceux de Sidi Salem ont dénoncé «l’alimentation de deux autres douars en eau potable du forage qui se situe sur leur territoire». Quant aux habitants de Aïn Mansour, ils dénonçaient le déficit en matière d’eau potable.
L’enquête menée par les services de la direction de l’hydraulique a fait ressortir qu’un «employé de l’Algérienne des eaux (ADE) a fait détourner l’eau vers ses champs d’oliviers, ce qui a engendré cet énorme déficit», nous dit-on.
Abdelouahab Souag
20 décembre 2014
EL WATAN, EMEUTES -COLERE -MANIF, Tiaret