A 22 ANS, DJAMEL DAHOU A PU INTÉGRER LA COUR DES GRANDS GRÂCE À SES SUPERBES PERFORMANCES DANS LE MONDE DE LA BOXE. MAIS CELA NE LUI A PAS VALU LE MOINDRE INTÉRÊT DES AUTORITÉS ALGÉRIENNES, ET ENCORE MOINS CELUI DES SPONSORS. «J’AI L’IMPRESSION D’ÊTRE ÉTRANGER DANS MON PROPRE PAYS», SE DÉSOLE LE NATIF DE TIARET.
«You make your people proud» (vous avez rendu votre peuple fier). Quand Mike Tyson a envoyé ce message sur les réseaux sociaux à Djamel Dahou, ce dernier n’en croyait pas ses yeux : «Tyson ! C’est lui, Mike Tyson». Depuis, Djamel a compris ce qu’il est devenu vraiment. Là aussi, il s’est rendu compte du degré de la disgrâce dont il est victime dans son pays, l’Algérie, sans vraiment trouver des explications. «A mon avis, j’ai réussi de bonnes choses dans la boxe à l’échelle mondiale», explique-t-il. Cela dit, Djamel Dahou ne représente pas uniquement sa personne, il défend les couleurs de tout un pays. «Quand je monte sur le ring, je branle le drapeau algérien aux couleurs blanc, vert, rouge, et le speaker lance au micro : «From Algeria» pour préciser ma nationalité. Ne mérite-je pas une petite gratitude de la part des responsables algériens ?». Notre boxeur a combattu dans différents pays de la planète, aux Etats-Unis, en Tanzanie. Il a décroché des titres mondiaux comme le championnat du monde de l’Universal Boxing Organisation pour la catégorie welthers (mi-moyens), ou le titre du plus jeune champion de la WBC dans la même catégorie, welters. A écouter Dahou, l’on découvre un autre combat, mené loin de l’arène, qui a l’air très compliqué : « Ce que j’ai réalisé a été le fruit d’un travail personnel. Si je suis arrivé là, c’est aussi grâce aux gents et ma famille qui m’ont soutenu et continuent de le faire sans relâche, moralement et financièrement. Vous savez, combattre un titre demande d’énormes capacités parce qu’il y a les déplacements, les frais de séjour, et d’autres dépenses qui me posent vraiment problème parce que je n’ai pas de sponsor. Alors que les responsables algériens font comme si je n’existais pas». Il est vrai que tenir le coup au plus haut niveau de n’importe quelle compétition nécessite un gros travail de l’athlète et aussi un bon financement afin de garder la forme et se préparer dans de bonnes conditions. La star algérienne de la boxe partage cet avis : «Sans doute que c’est la chose que l’athlète a le plus besoin. Les moyens sont une condition très importante qu’il faut mettre à sa disposition. C’est pour cela que je sollicite les intéressés pour m’aider financièrement pour que je puisse améliorer mes performances et organiser des combats en Algérie. Je progresse au fil des années, et cette progression a rendu mon calendrier trop chargé, et par conséquent, cela va demander plus de moyens (il s’arrête pour un moment). Ecoutez, j’ai 22 ans, et ma famille est l’unique source que je dispose pour me financer. J’aimerais pouvoir honorer mon pays et cela ne vient pas de rien. Je veux faire mieux. Mais il faut la mobilisation de plusieurs parties». Un champion du peuple Djamel Dahou a gagné le cœur de millions de personnes en Algérie et partout dans le monde. Il garde de bons souvenirs sur le public et même de quelques sportifs qui l’ont encouragé. «Je vis des moments émouvants à l’aéroport quand je rentre de l’étranger. Je suis pris sur les épaules sans me rendre compte. Dans les rues, tout le monde me salue et répète mon nom. Je remercie Dieu pour cela. Sur la toile, des joueurs de l’équipe nationale de football ont également pris attache avec moi comme Feghouli et Guedioura. De ma vie, je n’oublierai ces gestes qui me pousseront à bosser plus», dit-il. Djamel Dahou a apparemment mis tout le monde d’accord sur son potentiel, sauf les gérants du secteur sportif algérien, qui jouent la négligence envers une pépite qui pourrait devenir plus tard une vraie machine à titre, si elle est placée dans un bon environnement pour travailler. Son père, Mokhtar Dahou, parle de «promesses jamais tenues» de quelques personnes bien placées, mais quand même, il garde un brin d’espoir de voir les choses changer. «On a mis du temps pour en arriver là. Je ne trouve pas de raison qu’ils ne considèrent pas le cas de mon fils. Dans le sport, il n’y a pas seulement le football. L’exemple en est là : un jeune garçon salué dans le monde entier est mis en marge chez lui. C’est très dommage», a-t-il expliqué. Selon M. Mokhtar qui est aussi le manager du boxeur, le ministre des Sports, Mohamed Tahmi l’a contacté récemment et lui a donné rendez-vous pour discuter. En attendant les bonnes nouvelles, le champion du monde se consacre à fond à sa passion pour laquelle, il rêve de devenir un jour, une icône.
24 décembre 2014
PERSONNALITES, sport